Site icon La Dépêche de Kabylie

Loisirs et… ennui des jeunes

En ce début d’été, le climat est assez clément, contrairement aux années précédentes où l’étouffement était à son comble à la même période de l’année. Néanmoins, quand on est loin des espaces distractifs, des plages et l’atmosphère bon enfant qui y règne, il est souvent difficile de tromper l’ennui et d’échapper au néant qui tenaille la cité. Car durant la période estivale à Bouira la vie semble défiler au ralenti ; sans ambiance motivante, sans engouement ni saveur manifeste. La ville baigne pour ainsi dire dans la morosité du jour et la platitude des soirées estivales prévalant comme de coutume du début jusqu’au dernier quart d’heure de la saison des vacances. Pour échapper aux prises du marasme ambiant qui pèse lourdement sur la ville et torture ses habitants, chaque soir, heureusement pour eux d’ailleurs, les jeunes dans leurs quartiers ou à proximité de la ville s’adonnent à une diversité de jeux et à toutes sortes de sports. En effet, quand une partie de foot n’est pas au programme pour mobiliser tout le quartier, les jeunes d’âges différents préfèrent faire du jogging, loin des tracasseries et du crissement des roues. A défaut, c’est tout le monde qui s’agglutine autour d’une partie de dominos en plein air au bas de l’immeuble où l’on habite ou en face au pied du mur d’un édifice quelconque, évitant ainsi de s’engouffrer dans un café ou une salle de jeux où l’oxygène est raréfié. Certains parmi ces jeunes et moins jeunes ont des passions qu’ils ne sont pas prêts de troquer contre tout l’or du monde. Tôt le matin ou en début de soirée, munis de leur cannes et filets de pêche ils se dirigent, qui en voitures, qui en motocyclettes vers le barrage Lakhal situé à quelques encablures de la ville d’Ain-Bessem ou Tilesdit, dans la commune de Bechloul, où la carpe est en continuelle reproduction affirme-t-on. Livrés à leur passion, des dizaines sinon des centaines de pêcheurs passent une grande partie de la journée et de la nuit parfois, dans une ambiance particulièrement gaie et conviviale. Effectivement, c’est de cette manière simple mais combien enviable que les jeunes, tout en usant des moyens de bord se chargent de créer leur propre univers. L’objectif suprême étant le divorce avec le train-train routinier et le néant judicieusement entretenu, semble-t-il, par les autorités qui ont la responsabilité d’égayer la ville et de la rendre plus attrayante durant les vacances notamment. Car en matière de culture et de spectacles distrayants, il est écœurant de voir la ville du Djurdjura logée à la même enseigne que les autres localités de la wilaya et souffrir d’une disette culturelle indescriptible. Pourtant comme chacun le sait, la dimension culturelle constitue un paramètre fiable et privilégié sous d’autres cieux en mesure de renseigner à lui seul sur l’état d’activité et de vitalité d’une ville ou d’une région donnée. Ce qui est malheureusement loin d’être le cas chez nous. Par ailleurs, en ce début d’été 2006, il y a fort heureusement une certaine ambiance qui règne au chef-lieu de la wilaya à l’occasion de la Journée mondiale de l’enfant. En parallèle, l’institut régional de musique qui organise ces jours-ci une semaine artistique et culturelle donne l’opportunité aux habitants de Bouira de passer des moments de détente à la faveur d’un riche programme en activités fort distrayant. De la musique, des galas, du théâtre pour enfants et adultes et des conférences animées par des spécialistes venus des quatre coins du pays meublent allègrement les journées et les soirées des citoyens qui s’y intéressent. Néanmoins, si les habitants en quête d’un cadre de vie agréable et plus animé essayent de tout faire dans l’espoir de donner un plus de vivacité aux soirées nocturnes. De leur côté, les responsables restent insensibles au désir des citoyens qui cherchent uniquement à faire de leur ville, en cette saison des vacances, un espace vivant et vivable à défaut de se trouver ailleurs.

Anis S.

Quitter la version mobile