C’est une fonction qui a toujours existé dans les villages kabyles, vu qu’elle y est nécessaire. En l’absence de l’Etat au sein-même de la communauté villageoise, celle-ci assure par le biais du garde champêtre l’ordre qu’elle a elle-même initié à travers les lois coutumières, plus ou moins remaniées au grè de l’évolution sociale. Nous gardons tous, enfants un souvenir, mi-figue mi-raisin, de cet homme qui, nous “amendait” en cas d’insultes, nous empêchait de jouer au ballon sur la chaussée ou de chaparder des poires dans le verger de la vieille voisine. Aujourd’hui encore, dans la majorité des villages kabyles, il demeure présent. A Aït Frah, c’est à Mourad, un jeune homme plein de dynamisme qu’a échu ce rôle. Son histoire est déjà caractéristique. Très entreprenant, il fut grièvement blessé lors des évènements de 2001 et depuis, il s’aide d’une béquille qui n’entame en rien son énergie. Désigné à ce poste par le comité de village, il gagna vite la sympathie et la confiance de tous. Sur toutes les brèches, il fait mille besognes dans la journée, depuis la répartition du courrier qu’il récupère lui-même de la poste, à la collecte des droits de place des marchands ambulants. Il veille au ramassage des ordures par le camion municipal, récolte les signatures de riverains pour l’ouverture d’une piste agricole, participe aux choix de terrains pour des projets villageois. Il est aussi le premier contact lors des litiges. Il est partout où quelque chose est à faire. Il est rémunéré de façon modique par le village, mais n’est-il pas temps que cette fonction de garde champêtre soit prise en charge par l’Etat ?
M. Amarouche
