Il en est ainsi de ces anniversaires commémorés au fil des années et dont personne ne semble avoir cure. Des anniversaires qui se suivent et qui se ressemblent au grand dam des citoyens qui ne savent plus comment marquer l’événement. Si, sur un point de vue totalement historique, la marche du 14 juin 2001 est qualifiée d’exceptionnelle, les milliers de personnes qui avaient pris part à cette manifestation sont aujourd’hui déboussolés par la tournure des événements qui s’en sont suivis. La plate-forme de revendications rédigée le 11 juin de la même année à El Kseur, a été depuis plusieurs mois finement décortiquée par le gouvernement qui l’a examinée sous toutes ses coutures. Sur les quinze revendications contenues dans cette plate-forme, quatorze d’entre elles ont été débattues entre les délégués du Mouvement citoyen et le chef du gouvernement. Tamazight langue nationale et officielle a certes été le point le plus controversé, mais pourtant satisfait à moitié. L’allocation chômage à hauteur de cinquante pour cent du SMIG attend toujours d’être concrétisée. Il en est ainsi pour de nombreux points qui demeurent toujours en suspens. On se souvient de l’immense foule qui avait pourtant massivement adhéré aux revendications de l’époque, mais qui aujourd’hui semble être blasée par l’attente. Une attente qui dure depuis cinq longues années et qui devrait s’inscrire dans le temps avant de trouver un happy end, si par hasard bien sûr, les revendications venaient à être matérialisées sur le terrain. Un terrain qui au demeurant, n’a pas changé d’un iota depuis ce fameux 14 juin 2001. Les populations prennent leur mal en patience, les politiques, eux, observent savamment le wait and see. Et les pouvoirs publics dans tout ça ? Ces derniers se contentent d’appliquer les ordres du gouvernement. Des consignes qui tardent trop souvent à être appliquées, par manque de moyens financiers pourrait-on dire. Non, il n’en est rien, les fonds destinés à la relance socio-économique ont bel et bien été débloqués et d’ailleurs, quelques communes qui n’avaient absolument rien à voir ni de près ni de loin avec les événements du Printemps noir ont bénéficié de cette manne financière providentielle. Dans ce cas, pourquoi ne constate-t-on aucune amélioration dans les villages et les bourgs de nos campagnes éloignées ? Il y a apparemment un blocage dans les rouages de l’administration. A quel niveau, on l’ignore, mais toujours est-il que les couacs sont là et se font entendre régulièrement. Certes, les délégués ont porté les doléances citoyennes au plus haut niveau de l’Etat et les travailleurs licenciés à cause de leur appartenance au Mouvement citoyen ont été réhabilités dans leurs postes. Mais les 126 martyrs, ces victimes qui se sont sacrifiées pour le parachèvement de l’identité nationale, même si leurs familles ont été indemnisées ainsi que les centaines d’autres blessés, handicapés à vie parfois, ces dernières commémorent-elles le 14 juin ? Rien n’est moins sûr; toutefois pour toutes ces victimes, l’Etat a débloqué des sommes colossales. Ces indemnisations sont justifiées, mais cela suffit-il lorsqu’on sait que la cause pour laquelle se sont élevés des milliers de personnes était prioritairement d’ordre identitaire. Un devoir de mémoire s’impose pour transmettre aux générations futures, une lecture, une culture et une histoire dont leurs aînés ont été témoins pour certains, acteurs pour d’autres. Il ne faudrait pas commettre les mêmes bévues que par le passé. Dans les livres scolaires, l’histoire sur la période de la guerre de Libération nationale est truffée d’erreurs, épargnons aux générations futures l’apprentissage de l’absurdité.
Hafidh B.