Les participants à la rencontre internationale de psychiatrie et de médecine légale, qui s’est tenue la semaine dernière à Blida a abordé le délicat problème du droit du malade à l’information sur son état de santé. Faut-il, oui ou non, dire la vérité au malade, notamment quand il s’agit de pathologies graves, comme le cancer ? Au demeurant, la loi, ainsi que le code de déontologie reconnaît ce droit au malade, mais allez lui annoncer qu’il a un cancer ou une hépatite… En fait, s’il y a hésitation, ce n’est pas seulement à cause de la gravité de la maladie et des risques qu’elle comporte, notamment la mort, mais c’est aussi parce que les mots qui désignent les maladies ont pris, dans les langues nationales, des sens restreints : cancer, tuberculose, sida sont devenus synonymes de mort, et des termes comme ‘’cardiaque’’ provoquent la terreur ! Ces réactions sont héritées de périodes où les Algériens ne bénéficiaient pas de soins et où des affections, aujourd’hui parfaitement maîtrisables par des traitement, étaient souvent mortelles. Les thérapeutiques ont changés mais le rapport à la maladie a peu évolué ! Il faut aussi tenir compte d’attitudes culturelles : les Algériens croient, dans leur écrasante majorité, que c’est Dieu qui donne la vie et l’ôte et que les pronostics vitaux des médecins ne pèsent pas grand-chose devant la volonté divine… Dire la vérité au malade, oui, mais en trouvant des voies qui ne bouleversent pas trop les croyances et les comportements…
S. Aït Larba
