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Ahmed Yazid : parcours d’un maquisard honnête

On ne peut écrire l’histoire de la Guerre de libération nationale sur une seule page de journal. Mais, il est toutefois utile de revenir sur l’histoire de certains combattants pour les libertés et l’indépendance du pays notamment en ces jours qui précèdent des dates repères dans la vie de notre nation. Aït yahia Moussa, une région ô combien déshéritée de la wilaya III historique, a enfanté des centaines d’hommes qui se sont donné corps et âme pour cette cause. On citera quelques pionniers et leur chef de file feu le colonel Krim Belkacem, Oudni, Si Moh Nachid, Rabah Oumeddour, Djebara Lounès, Boulaouche, Si Moh Oul Hadj et bien d’autres… Le 20 mai dernier, un autre héros en la personne de Yazid Ahmed est décédé laissant derrière lui une autre page de l’histoire remplie de courage, d’intégrité et d’honnêteté que nous reproduisons dans nos colonnes. A l’occasion du 40e jour de sa mort, nous nous sommes rendus à son village natal à Tachtiouine où il a été enterré.Ahmed Yazid est né en 1942, fils de chahid car son père s’est mis du côté des premiers moudjahidine de la région, dès le déclenchement de la Guerre de libération nationale. Il était encore enfant quand l’occasion de côtoyer les combattants de l’ALN lui avait été donnée. Car, selon les témoignages que nous avons pu glaner, leur maison était un lieu de refuge pour les guerriers. Le 6 janvier 1959, alors que les avions et les hélicoptères de l’armée française bombardaient le versant opposé à son village, Ahmed Ouali était là à méditer sur l’avenir. Tout petit qu’il était, il ne voulait pas se soumettre. Après la sanglante bataille du 6 janvier, toute la région d’Ait Yahia Moussa avait été placée sous un grand contrôle, si bien que des camps militaires avaient été installés dans tous les villages.Entendre par là, Tachtiouine n’avait pas fait exception. Etant déjà «hors la loi», il avait été capturé puis, emprisonné dans le camp militaire. Il s’évada en 1959 avec son arme alors qu’il était désigné dans l’auto-défense pour rejoindre les rangs de l’ALN. Enfin, il réalise son rêve, servir sa région et son pays. C’est alors qu’il avait été recruté pour activer dans la zone V (Ait Yahia Moussa, Sidi Ali Bounab) dans la wilaya III. Yazid Ahmed, connu sous le nom d’Ahmed Ouali, avait participé à de nombreuses batailles. On raconte qu’il avait joué un très grand rôle dans les batailles telles celles de Tizi Guezgarène et de Tachtiouine. Sous le grade d’adjudant, il était présent aux embuscades du 16 janvier 1960, de mars 1960 et de la bataille du 7 mai 1961. Dans cette dernière, l’ennemi avait enregistré des pertes en vies et des blessés évaluées à trois fois plus que celles des moudjahidine. Un détail important à ne pas oublier : l’arme n’a jamais quitté l’homme. A l’Indépendance, il prit les armes aux côtés des miliciens. Recruté comme chauffeur d’ambulance à l’hôpital de Draâ El Mizan, Yazid Ahmed partit en retraite en 1990 sans laisser l’arme de côté car il devint patriote pour combattre les hordes terroristes qui avaient tenté de lui subtiliser son arme. Il repousse tout seul à trois reprises les incursions terroristes. Il y a lieu tout de même de mettre en exergue les qualités de ce maquisard intègre. Aussi bien moudjahidine locaux que les autres intervenants venus des autres localités l’ont qualifié d’honnête. “Il est mort en Zaim”, a déclaré devant la foule, Si Mohand Ouramdane, président de l’ONM de Tizi Ouzou. De son côté, Amar n’Ahmed, chef de région de Draâ El Mizan avait témoigné que Yazid Ahmed avait combattu aux côtés de vaillants combattants tels Moh Boussaâd, Slimane Bennour, Batatache Amar, Belkacemi Mouloud et bien d’autres. «C’était quelqu’un de courageux et d’honnête», a-t-il ajouté. En tout cas tous les intervenants étaient unanimes dans leur déclaration sur les véritables qualités de l’homme.En marge de cette journée, nous nous sommes rapprochés d’un maquisard qui le connaissait bien en la personne de Ammi Rabah, Bendif pour nous donner ce témoignage : «Ahmed Ouali est un héros, il est né dans une famille révolutionnaire. D’ailleurs, c’est un fils de chahid. Leur maison était un refuge pour l’ALN. Je témoigne qu’il a été honnête avec tous ses amis ainsi qu’avec lui-même». Cela étant écrit, certes, Ahmed Ouali est mort mais il demeurera un modèle pour les générations futures car c’est un homme qui n’a pas abdiqué devant toutes les pressions et autres attaques de quelque nature soient-elles.

Amar Ouramdane

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