“Une campagne nationale pour la dépénalisation des délits de presse en Algérie”

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Mohamed Benchicou est revenu pour la deuxième fois, après sa libération depuis un mois, retrouver ses confrères dans le cadre d’une conférence qu’il a tenu, hier à la maison de la presse Tahar-Djaout.Parmi les invités on a noté la présence remarquée du délégué du Mouvement citoyen, Bélaid Abrika qui a voulu démontrer sa solidarité par sa présence.Le conférencier a voulu par l’occasion soulever certains points sensibles, en l’occurrence, sa libération, l’éventuelle reparution de son journal et la liberté de la presse. Sur le premier point il a déclaré qu’il ne faut jamais se réjouir des mesures de grâce entreprises par le pouvoir, qu’il a qualifié « de recul tactique d’un pouvoir pris à son propre piège ». Ces mesures estime-t-il ont été prises sous pression.  » Le pouvoir garde en main tous les leviers de la persécution, afin de poursuivre les grandes opérations de normalisation et de l’instrumentalisation de la justice, qu’il faut affronter, dénoncer et déjouer « , a-t-il ajouté.En ce qui concerne la reparution du Matin, le directeur a annoncé que son titre est en train de subir un harcèlement fiscal qui l’étouffe. Sur un dû de 13 milliards de centimes, 8 milliards de centimes ont été remboursés, ce chiffre représente toutes les recettes du journal  » le Matin « . Pour les cinq milliards restants, notre interlocuteur a déclaré « je ne vois pas pourquoi on ne m’accorderait pas la possibilité de payer par échéances, alors que cette modalité est tolérée pour les entrepreneurs ainsi que les hommes d’affaires ». Benchicou a exprimé son aptitude à relancer son titre dès demain, et même si ça ne se fera pas demain, le Matin reviendra tôt au tard.En abordant la liberté en général et particulièrement celle de la presse, le conférencier a affirmé que le pouvoir mène une campagne de répression qui dure depuis plus de trois ans, en jetant les journalistes en pâture, à travers les multiples harcèlements policiers et judiciaires. Il rajouta dans ce sens que « il faut rappeler au pouvoir algérien qu’amnistier les journalistes c’est bien, ne plus les condamner c’est encore mieux ». Dans le même contexte, Benchicou lance un appel à la corporation les incitant à mener une campagne nationale pour la dépénalisation des délits de presse en Algérie avec le soutien indéfectible de l’opinion internationale, et d’ouvrir un sérieux débat national sur l’ouverture du champ de l’audiovisuel à l’initiative privée, en accord avec toutes les forces démocratiques en Algérie.Par ailleurs le directeur du Matin a promis d’écrire un ouvrage dans lequel il racontera les moments difficiles qu’il a vécu en prison pendant deux ans, pour qu’il soit un témoignage aux générations futures.

Fadila Bouziane

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