Le culte de Zizou à son paroxysme

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Aguemoune Izaydène, commune de Boukhelifa ressemble à un village fantôme. A midi, sous une chaleur que l’air des hauteurs lénifie, pas âme qui vive dans cette bourgade haut perchée du arch des Ath Slimane. Le fief de la fratrie des Zidane est placée sous la bénédiction de Lalla Djoua, sœur de Yemma Gouraya, selon la tradition.Aguemoune ne serait sans doute jamais sorti de l’anonymat si elle n’abritait la maison, toujours solide d’où est parti un jour le jeune Smaïl Zidane, 15 ans à peine, en 1950 d’abord sur bougie puis sur Marseille.Marseille où devait naître en 1972 celui qui allait révolutionner la planète football, domptant le football au point d’en faire un art : Zinedine Zidane, Zizou !Zidane, Zizou, qui n’est revenu au bled, qu’une seule fois, en 1986 à 14 ans, voué entièrement à une carrière riche, glorieuse mais contraignante et ultra-courte n’a pu refoulé le sol natal depuis. De la Castelane son quartier natal à la Coupe du monde, celle remportée en 1998, de la Juvé à la Dream Team de Madrid, que de chemin parcouru !Parti de rien, avec comme seuls atouts une tête deux jambes et une volonté grande de réussir Zizou est entré dans l’histoire pas celle du football mais l’histoire tout court.Cette notoriété, les siens qu’ils soient de Boukhelifa et d’Aguemoune, Béjaïa ou Tizi Ouzou, les Kabyles la partagent un peu. Et ils ne sont pas peu fiers de raconter cent fois, mille fois plutôt qu’une ses innombrables et fabuleux exploits. Les Tartarins locaux pullulent et les hauts faits de Zizou sont presque les leurs.Aguemoun fief exclusif de la famille Zidane conjugue, par la grâce “d’un nom béni” celui de l’enfant prodige médiatisé et connu à l’échelle planétaire, des sentiments qui font la grandeur de l’homme, son émergence du rang de simple mortel, et son élévation au panthéon des demi dieux ! De la vieille tante septuagénaire au môme de 14 ans et à la fillette de 4 ans, tout le clan devient prolixe, exubérant dès que le mot magique “Zizou” est prononcé. “Je l’aime mais le ne le vois pas souvent”, avoue avec une moue boudeuse Inès, 4 ans. Quant à Na Taos, qui vit chez le père Smaïl à Marseille, elle parle “de l’ange Zizou qui cultive comme pas un l’humilité et qui voue à ses parents un amour et un respect sans bornes”.L’histoire du coup de tête, à peine évoqué est un non-évènement et tout ce que la presse internationale prête à ce gentleman hors pair, notamment son côté Mr Jekyll et Mr Hyde n’est même pas évoqué.Et comme le dit avec beaucoup de discernement et d’à propos Badredine, 14 ans, un neveu à Zizou : “C’est une énormité verbale qu’il a dû entendre venant d’un voyou, pour réagir aussi spontanément”. Vous l’aurez remarqué à aucun moment il n’a été question de violence. Nna Taos, concluera s’adressant à la cantonade : “Un ange peut-il être violent ?”La bénédiction de Nna Taous en poche, nous quittons la fratrie Zidane pour rejoindre en contrebas, à 4 km le fameux café de Boukhelifa, celui attitré du fameux fan club Zizou; le plus sincère, le plus vrai car ici point de boutiques emplies de bric et de broc, de gadgets et d’objets dédiés à la vedette. Des dizaines de posters tapissant le smurs, une TV, quelques tables et les supporters par dizaines. Le café “le Berbère” a reçu dernièrement une équipe de journalistes espagnols qui ont suivi, dans une ambiance survoltée, limite déjantée les exploits de Zizou face aux Ibères.Là aussi, point de fioritures ou de figures de styles. Les choses dites, de façon brute sans recherche sémantique spécieuse “Zizou est dans nos cœurs. Il le restera à tout jamais”. Certains avouent même leur satisfaction de le voir partir à la retraite”. “Comme ça, on pourra le voir en chair et en os”.

Mustapha Ramdani

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