La vitesse de croisière atteinte à Béjaïa

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Sept heures trente du matin, le 11 juillet 2006 au port de Béjaïa. Le soleil est déjà haut dans le ciel et la brise marine bien timide. A l’horizon un point, rien qu’un point qui se rapproche à la vitesse d’un limaçon. “C’est le Tariq Ib Ziyad” me souffle mon mentor. A l’approche de son escale, il réduit rythme des moteurs et vitesse. Imperturbable il trace un sillon bien droit, fendant l’onde calme.Trente minutes plus tard, voilà qu’il franchit l’entrée du port, imposant, haut comme un immeuble de quatre étages, tout de bleu et blanc vêtu. On a beau le voir et le revoir, son approche du quai où il va s’arrimer est toujours un spectacle renouvelé toujours bon à prendre. L’attrait du voyage de l’évasion de la liberté fascine plus que jamais jeunes et moins jeunes. 8h 45, soit avec une avance de 1 heure 15mn, le fait est assez peu coutumier pour ne pas être signalé, le majestueux paquebot d’“Algérie ferries” s’aligne impeccable le long du quai. Les passagers debout sur les ponts supérieurs s’apprêtent à fouler le sol natal dans une hâte à peine contenue. Mais il n’y a pas que ça à les faire piaffer d’impatience les premiers à terre, à pied ou en véhicules seront les premiers à accomplir les formalités toujours aussi éreintantes malgré une nette amélioration, et à quitter les premiers l’enceinte portuaire.Le portail monumental situé à l’arrière du navire s’ouvre et la passerelle est arrimée face à la sortie passagers.Les agents de la DDD, relevant du port, se précipitent d’abord vers la sortie véhicules où ils installent un tapis imbibé de Tamiflu que chaque automobile devra impérativement fouler de ses quatre roues puis vers la passerelle où un tapis recouvrant toutes les marches est déroulé. Il s’agit là, vous l’aurez deviné des mesures antigrippe aviaire prise par l’EPB. Elles sont effectives à chaque arrivée et départ et font partie des dispositifs de surveillance des frontières. Deux agents, tout de blanc vêtus, en fait il s’agit de la panoplie complète ultilisée dans le cadre de la prévention et la lutte anti-grippe aviaire, restent à proximité de l’aire de débarquement, leur matériel pulvérisateurs à portée de main. C’est, disent-ils, “pour surveiller toute entrée en Algérie de volatiles de compagnie…” Des entrailles du Tariq, qui selon les propres termes de son sympathique commandant de bord, est parfaitement entretenu, commencent alors à déferler sur les quais 1 151 passagers, 266 véhicules et 5 chariots à bagages transportant l’équivalent de 196 colis.La gare d’aujourd’hui, quoiqu’encore sujette à critiques, n’a rien à voir avec celle par nous visitée, il y a à peine trois ans.Les commodités basiques étaient alors inexistantes. Aujourd’hui, le minimum est offert aux passagers. Des aires couvertes, ombragées équipées de bancs, de fontaines fraîches, sont mises à leur disposition en attendant la fin des formalités. L’aménagement de blocs sanitaires à l’extérieur, une louable initiative, a été accueilli avec soulagement, au propre comme au figuré par les passagers. Ce qui frappe surtout, c’est la propreté de ces “p”tits coins” et la disponibilité permanente de l’eau.Exceptionnel et rarissime dans nos contrées ! La gare maritime elle-même climatisée, avec cafétéria, free-shop, boutiques ouverts respire la propreté, rendue possible là aussi par l’abondance de l’eau H 24. Dommage qu’elle soit si petite ! Ce n’est certes pas le grand luxe, mais les commodités de bases existent. En tout cas, nos frères de la-bas aux anges, sont unanimes à reconnaître les efforts consentis par tous, EPB en tête. Nna Tassaâdit, 85 ans, entourée des enfants, petits-enfants remercie le ciel, le commandant, le personnel navigant, les policiers, M. Boudjadi de l’ENTMV et tutti quanti. Normal, car depuis le temps qu’elle emprunte cette ligne, elle a quand même droit à certains égards. Seule ombre à ce tableau que la joie du retour au pays rend encore plus beau, la lenteur des formalités surtout pour les véhicules. A la décharge de nos braves policiers et douaniers, les formalités se font dans des conditions extrêmes, dans des bureaux – cagibis, quand ce n’est pas sous un soleil tapant sec dès poltron minet. Si, au débarquement, cela peut plus au moins passer, les choses se compliquent davantage à l’embarquement. L’espace couvert réservé au contrôle police et à l’ENTMV se limite à quelques mètres carrés. Et en période de reflux, c’est-à-dire à partir du 14 août, bonjour les problèmes.La nécessité de délocaliser la gare maritime s’avère plus que nécessaire. On en parle et certains vont jusqu’à en situer le lieu d’implantation. En attendant ce jour et grâce aux efforts de tous, la gare fonctionne tantôt bien, tantôt cahin-caha. Et si tout simplement la communauté portuaire était comme les grognards de Napoléon : “Ils grognent tout le temps, mais ils avancent :” Mardi, à 14 h, le Tariq a appareillé vers Marseille, nettoyé, ravitaillé avec 200 passagers et 50 véhicules et à la place de l’impressionnante file de véhicules débarqués, seuls quelques Kleenex et des traces d’eau témoignent encore du passage de 266 véhicules chargés jusqu’aux essieux

Mustapha Ramdani

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