Dans la tradition kabyle, comme dans toute la tradition algérienne, le cimetière est un lieu sacré, réservé au repos des morts. Si on les entourait autrefois de haies ou de fils barbelés, c’était uniquement pour les protéger des troupeaux de chèvres et de moutons : personne n’avait l’idée ni n’osait aller jouer dans le cimetière, encore moins s’y adonner à des actes réprouvés par la morale sociale et la religion. Aujourd’hui, ce n’est plus le cas. On voit, malgré la réprobation générale, des enfants jouer des parties de football dans les cimetières au risque de renverser et de casser les pierres tombales (beaucoup sont d’ailleurs dans un état lamentable) et, dans la nuit, des bandes de jeunes désoeuvrés se rendent sur ces lieux pour s’adonner à des beuveries qui se prolongent jusqu’au petit matin… Et ces jeunes effrontés, quand ils repartent, ne prennent même pas la peine d’emporter avec eux les bouteilles qu’ils ont ingurgitées. Les cimetières chrétiens, il est vrai, partout à l’abandon, subissent des agressions encore plus grandes : croix cassées, tombes parfois éventrées, les profanateurs recherchent des bijoux et autres objets précieux, car croit-on, les chrétiens enterrent leurs morts, ‘’tout habillés et parés de bijoux !’’ Il est inutile de rappeler que pour le Kabyle, pour l’Algérien, un cimetière, quelle que soit la religion des morts qui y sont enterrés, est sacré et qu’on ne doit ni profaner les lieux ni déranger la quiétude de ceux qui y reposent. Les temps semblent bien changés, les iconoclastes, pire, les profanateurs sont de plus en plus nombreux. Une réaction salutaire s’impose. De la population et des autorités.
S. Aït Larba
