Le sens de l’honneur

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Jamais l’expression algérienne : “nnif u lekhsara” n’a été aussi bien mise en œuvre : nnif, comme chaque le sait, c’est l’appendice nasal et, par métaphore, l’honneur, “lekhsara”, c’est la perte, le dommage, la préjudice et même la ruine, pour ainsi dire, “nnif u lekhsara”, c’est l’honneur et la perte ou, pour être plus exact, l’honneur même avec la perte et la ruine… Ce n’est pas un enfant d’Alger, d’Oran ou de Béjaïa qui a mis en pratique ce principe mais un enfant de Marseille, mais fils de l’Algérie, héritier des valeurs ancestrales. Au 19ième siècle, s’irritant que l’Algérien se refuse à la domination française, le général Bugeaud, de triste réputation, écrivait :’“prenez un crâne d’indigène, mettez le à cuire pendant quarante ans dans une marmite, quand vous le sortirez ce sera toujours le même crâne !’’ disons, pour le paraphraser : prenez un Algérien, faites-le naître au pôle nord, il restera, s’il a été nourri des valeurs de son pays, le même : un homme qui refusera toujours l’injustice et l’humiliation, qui se révoltera quand on attentera à son honneur et à celui des siens. Et qu’importe s’il perd gros dans l’affaire, qu’importe s’il doit laisser des plumes, sa carrière, de l’argent, voire ce qu’il y a de plus cher, la vie? Plus important que la carrière, plus important que l’argent, plus important que la vie même, il y a l’honneur. Un honneur pour lequel l’Algérien n’a cessé, de l’antiquité au 5 juillet 1962, de verser son sang. Merci à Zidane d’avoir rappelé ce principe fondamental de notre histoire et de notre vie et d’avoir rappelé à un monde, pourri par l’argent et l’orgueil, que plus que les dignités, il y a la dignité et plus que les honneurs, l’honneur.

S. Aït Larba

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