“Il n’y a que la vérité qui blesse”

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C’est vers la fin des années 80 que Amar Benkada a commencé à sillonner avec plusieurs de ses amis les régions de Kabylie pour y chanter. La chanson pour lui n’est pas seulement le fait d’ajuster des airs, mais c’est plutôt le verbe. D’ailleurs, il ne “courait” après personne pour lui écrire ses textes. Il est lui-même auteur-compositeur. Après deux produits, il récidive cette fois-ci avec une troisième cassette dont le titre principal est Irgazen (Les Hommes). Dans ce produit qui sera mis incessamment sur le marché, Amar B. compte conquérir un public qui a tendance à choisir d’autres styles musicaux, autre que la chanson kabyle. Dans cet entretien, il revient sur son parcours artistique tout en regardant vers l’avenir.

La Dépêche de Kabylie : Qui est Amar B. ?ll Amar B. : Eh bien, c’est tout simple : c’est Amar Benkada. Je suis un artiste qui s’est lancé dans la chanson à la fin des années 70 pour ne passer à l’enregistrement qu’au début des années 80. Comme tout jeune Kabyle, j’ai commencé à gratter les fils d’une guitare dans mon village, avec des amis. Ensuite, peu à peu, je me suis intégré dans ce domaine en côtoyant des chanteurs comme Saïd Boutiava, l’Hocine Ouchène, Madjid El Hasnaoui et bien d’autres.

Je suppose que vous avez quelqu’un pour vous aider dans les compositions ?ll Non, personne. Tous mes produits sont des œuvres personnelles. Je m’occupe seul des textes et de la musique. Car, chez nous, il n’existe aucune solidarité entre les artistes. Par contre, ceux des autres styles sont beaucoup plus solidaires.

Alors, comment concevez-vous cette solidarité ?ll J’aimerai bien que l’œuvre artistique soit collective. Chacun doit y contribuer. Certains vont travailler les textes et d’autres, par exemple, la musique et le vocal. Les jeunes ont besoin de l’aide de leurs aînés. Malheureusement, la réalité est toute autre.

Revenons à ton dernier produit. Pourquoi Irgazen ?ll Irgazen (les Hommes), dans notre société, est un mot plein de sens. Sans eux, rien ne peut s’accomplir. Eh bien, si j’ai choisi ce titre, c’est parce que Irgazen ne plient pas devant n’importe quoi. Ce sont eux qui sont à l’avant-garde de tout.

Peut-on connaître les autres titres ?ll Ils traitent tous du même thème. Seule la vérité blesse. Donc, on ne peut pas être hypocrite quand on est argaz. Pour les autres titres, vous avez Imagdayen, Azul, Ccix, Afus tighratin et un instrumental. C’est un produit que va découvrir le public dans les tous prochains jours. Sur le plan technique, je peux dire qu’il y a tout de même un changement par rapport aux deux premières cassettes. Je suis peut-être agressif, mais je l’assume entièrement. Cela fait partie de ma personnalité. Et vive la vérité !

On dit que la chanson kabyle est en déclin. Qu’en pense Amar B. ?ll Pas du tout. Elle s’est stabilisée. Parce qu’il n’y pas de solidarité, comme je viens de le dire, et puis, il n’y a pas aussi de subventions. En revanche, les autres styles ne sont pas en butte à ce genre de problèmes. Car, généralement dans la chanson kabyle, on trouve beaucoup plus de luttes qu’autre chose. Et c’est ainsi que nous manquons de soutien, notamment de la part des pouvoirs publics.

Les éditeurs ?ll Les vrais éditeurs se comptent sur les doigts d’une seule main. Ce sont plutôt des commerçants. Ils n’ont pas encore cette culture d’investir dans la chanson à long terme. Ils préfèrent, tous, les chansonnettes ou encore les chansons conçues spécialement pour des occasions. C’est un facteur négatif pour la promotion de la chanson kabyle.

Qu’est-ce que vous direz en conclusion ?ll Il faut rendre aux artistes leur liberté. C’est tout.

Entretien réalisé par Amar Ouramdane

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