Prévue sur deux jours, la deuxième session ordinaire de l’APW de Béjaïa réservée aux communications de certaines directions de l’exécutif a été suspendue après seulement une demi-journée de débats, à l’unanimité des élus, en protestation contre la perspective de fermeture de l’aéroport Abane-Ramdane, préconisée par une commission sur rapport d’un bureau d’études sétifien dont les travaux ont été récusés en bloc. Poussant plus loin le bouchon, les élus ont demandé poliment mais fermement à la directrice des TP de rendre le tablier.Elle serait, selon quelques élus, non seulement responsable de la déliquescence d’un secteur névralgique, le sien, mais servirait les intérêts d’un “lobby, véritable force du mal, qui est responsable de tous les malheurs de la wilaya”.Passionnés, chauds, heurtés, contradictoires, les débats de la session ordinaire de l’APW, dont l’ordre du jour, actualité oblige, a été modifié, l’ont été. Le point de discorde, encore une fois, a été la proposition de fermeture immédiate de l’aéroport dont la piste serait en piteux état. Cette mesure ajoutée à la rétention de l’information a soulevé un tollé général au sein de la travée de l’APW. Elle a même été remise en cause dans ses conclusions suspectées par ailleurs, d’être prises trop hâtivement et dans le choix du bureau d’études dont la compétence a été largement écornée. “On aurait cherché à saboter l’aéroport Abane-Ramdane, qu’on ne se serait pas pris autrement”, avancent à l’unisson les élus. Le wali, dans une première intention, s’est refusé à tout débat, au motif que ce point n’est pas inscrit à l’ordre du jour et que de toute façon, il a été de par le passé, largement débattu. Simple tir de semonce, puisque le débat a fini par s’imposer. Des mots durs ont été prononcés : complots, déstabilisation, volonté de déclasser la wilaya, tentative répétées de rehausser le niveau de l’aéroport de Sétif, improductif, sur le dos de celui de Béjaïa… Et de réclamer une contre-expertise ainsi qu’une enquête pour faire la lumière sur une affaire qui sent le souffre. Rien, de l’avis des élus, ne justifie une telle urgence. Mieux, Mohamed Bettache, P/APW, avouera que le registre des doléances, réservé aux pilotes, est vierge. “Preuve irréfutable que la piste peut encore servir, tout au moins jusqu’au 26 septembre 2006, date prévue pour sa fermeture”, souligne-t-il.D’autres insisteront sur le danger qu’une fermeture pourrait induire. “La population se chargera de régler à sa manière ce problème”, menacent-ils.Le wali, après avoir accepté le principe d’une contre-expertise, ajoutera qu’il a sollicité l’arbitrage et l’avis de hautes personnalités, il s’agit du DG de l’EGSA et de celui des infrastructures aéroportuaires “qui seront dans nos murs dimanche 30 juillet prochain”.Les interrogations ont été nombreuses et les réponses bien maigres. Ce qui est sûr, c’est un net sentiment de suspiscion à l’endroit de certains cercles occultes a régné tout au long des travaux. Cela renseigne davantage sur la susceptibilité, la méfiance qui prévalent encore dans une région plusieurs fois meurtrie et qui porte encore les stigmates de périodes noires, successives et itératives.
Mustapha Ramdani