A quand la réouverture de la route Tigzirt Dellys ?

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“Toutes les routes du pays sont ouvertes à la circulation, à la faveur de l’amélioration du climat sécuritaire. Pourquoi pas la nôtre ?”, dira Mohamed, un jeune commerçant à Tigzirt.Tout comme ce dernier, les autres citoyens interrogés, se posent la même question, sans pouvoir fournir un élément de réponse. Mais pour Akli, propriétaire d’une entreprise, “derrière cette fermeture, il doit y avoir une arrière-pensée politico-économique, et non pas sécuritaire”, déclare-t-il. Pour appuyer son argument, il nous citera d’autres routes, encore plus dangereuses, dans les autre régions du pays, et qui sont réouvertes normalement à la circulation. “La route de Boumadfaâ ou la route de Takhoukht sont plus dangereuses que la nôtre, et elle ne sont jamais fermées à la circulation” dénonce-t-il. Pour rappel le tronçon de la RN 24 qui relie Tigzirt à Dellys sur une distance de 26 km, est fermée à la circulation, depuis 1995, après l’avènement du terrorisme. Le tort de cette route est qu’elle traverse la forêt de Mizrana, une jungle que les groupes terroriste, MIA, GIA, puis GSPC ont transformé en bastion et en base arrière pour mener des opérations terroristes. Comme “solution facile”, pour parer aux descentes fréquentes des groupes terroristes sur ce tronçon de route, les pouvoirs publics ont procédé à sa fermeture à la circulation. En 2000, ce tronçon de route a “bénéficié” de l’attention des autorités. L’on a procédé à son revêtement et on l’a réouvert à la circulation durant quelques mois avant de le fermer à nouveau.En janvier 2005, après les grandes chutes de neige qu’a vécu tout le nord du pays, la région de Tigzirt s’est retrouvé bloquée et coupée du monde. Le seul échappatoire restait cette route du littoral, des citoyens ont violé sa fermeture pour évacuer leurs malades vers l’hôpital de Dellys et pour s’approvisionner en vivres. Cette réouverture officieuse n’a duré que quelques mois. Durant cette courte période, un grand mouvement de circulation des automobilistes a été constaté. En plus des échanges de personnes et de marchandises entre les citoyens de la région, cette route était empruntée quotidiennement par des centaines de voiture, immatriculées dans différentes wilayas du pays. En ce temps, les deux régions ont enfin respiré, particulièrement sur le plan économique. En empruntant cette route pour se rendre jusqu’à la capitale, l’on pouvait le faire en une heure de temps environ, au lieu de trois heures, en empruntant d’autres routes. Cette réouverture momentanée a permis à plusieurs localités qui ont souffert énormément du terrorisme, de respirer et de réapprendre à vivre. Parmi ces villages, l’on cite Mazer se situant à quelques km à l’est de Dellys. Durant cette période, nous avions effectué, en compagnie d’un commerçant, un parcours sur cette route qui est d’un relief facile et d’une beauté fascinante. Nous avons constaté, que le risque sur ce tronçon, commence à partir de la sortie ouest du village Mazer, jusqu’au lieu dit “13e”, à mi-chemin, entre Tigzirt et Dellys. Cette partie à risque est d’une longueur de 4 km environ. La partie de la route qui se situe sur le territoire de la wilaya de Tizi Ouzou est à l’abandon. Il n’y avait aucune présence des éléments de sécurité. Dès que l’on pénètre sur le territoire de Boumerdès, c’est un autre monde. La route est déboisée des deux côtés et il y avait une forte présence des éléments de l’ANP. Après sa réouverture par des citoyens en janvier 2005, le 13 décembre de la même année, la route a été refermée de nouveau pour des raisons que les citoyens des deux régions trouve “non convaincantes”. Cette fermeture est intervenue, après une descente terroriste furtive, à travers laquelle, un véhicule de la direction des travaux publics de Tizi Ouzou a été incendié, le groupe armé a également intercepté un camion de transport de lait, pour lui confisquer quelques caisses.

Une requête pour le wali de Tizi OuzouExcédé par cette fermeture qui les pénalise énormément et qu’ils trouvent “insuffisamment justifiée”, les citoyens des deux régions, particulièrement les commerçants et les entrepreneurs ont rédigé une requête accompagnée d’une pétition qui seront adressées au wali de Tizi Ouzou. Des copies ont été aussi adressées au wali de Boumerdès, aux élus des communes de la région et au ministre de l’Intérieur. Dans cette requête, les rédacteurs, rappellent les retombées socio-économiques dans les deux régions, qui ont payé de lourds tributs durant la révolution nationale et l’avènement du terrorisme. Ils demandent la réouverture de cette route, tout en la sécurisant pour normaliser la circulation sur cet axe, combien utile pour le développement des deux régions et du pays en général.

Le wali de Tizi : “Nous allons sécuriser cette route”. Profitant d’une session de travail, organisée au siège de la wilaya, nous avons exposer ce problème au wali de Tizi Ouzou lequel nous dira. “Nous allons examiner ce problème. Si les conditions sécuritaires se trouvent réunies, nous allons la réouvrir. Vous connaissez très bien les problèmes d’insécurité que vit la wilaya. Si elle a été fermée, c’était pour préserver la vie des citoyens. Logiquement cela ne pose plus de problème. Nous allons la sécuriser, mettre sur place des structures de sécurité, et elle sera sécurisée et réouverte de jour comme de nuit, une fois les structures de sécurité redeployées” nous a déclaré le wali de Tizi Ouzou. En attendant la mise en application des dires du wali, connu pour ses engagements, les citoyens de ces régions, continueront à vivre dans ce climat d’enclavement et de blocus qui ne dit pas leur nom.

Mourad Hammami

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