Une nuit avec une patrouille de police

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Lors d’une virée nocturne avec les services de police de la Sûreté de wilaya de Bouira, l’occasion nous a été donnée de partager le temps d’une nuit le travail des patrouilles des unités de la BMPJ et ceux de la voie publique lors de l’une de leurs missions de lutte contre le banditisme sous toutes ses formes, le crime et autres fléaux sociaux qui ne cessent de prendre une proportion alarmante dans la société. La discipline est de rigueur dans ce corps, chacun des éléments maîtrise parfaitement sa mission. Les éléments de la BMPJ et ceux de la voie publique qui patrouillent chacun de leur côté se retrouvent réunis lors de chaque intervention et ce, grâce au contact permanent par radio (talkie-walkie) et la coordination dans le travail. Durant la nuit, tout est centralisé au niveau de la permanence de la sûreté de wilaya, l’officier de permanence supervise toutes les opérations, tous les barrages, patrouilles, points de contrôle en faction suivant les interventions des uns et des autres… Les messages sont codés, seuls les policiers peuvent les décrypter. Bouira est répartie en deux secteurs, le premier comprend l’ancienne ville, rue Aïssat-Idir, hôtel Nassim jusqu’à l’intersection de la route qui mène à Haizer, le deuxième secteur comprend le côté ouest du marché couvert, SNTF les 1 100 Logements… au barrage Harkat, route qui mène sur Aïn Bessem. Hormis les patrouilles de la BMPJ et la voie publique qui ratissent de fond en comble rues et quartiers… de Bouira, des agents en faction surveillent les principaux édifices publics et les résidences des officiels de la wilaya. Il est 23 h, les rues de Bouira sont toujours bondées de monde, notamment de familles avec ou sans enfants, sorties prendre l’air en cette nuit caniculaire de juillet. Le lieu le plus fréquenté est sans doute Harkat, à côté du jet d’eau, la présence policière semble rassurer ces nombreuses familles qui restent dehors jusqu’à une heure tardive. La police attend jusqu’à ce qu’il ne reste plus personne pour quitter les lieux. Ces dernières années, la situation sécuritaire s’est nettement améliorée à Bouira. Toutes les entrées de la ville sont sécurisées par des barrages, chacun a son propre chef, un brigadier, qui reste en liaison permanente avec les autres responsables en service, toutes les interventions, contrôles ou autres sont écoutés par ces derniers, leur talkie-walkies restent ouverts et réglés sur la même fréquence. Nous patrouillons dans tous les coins et recoins de Bouira, tous les éléments sont sur le qui-vive, on ne badine pas avec la sécurité, toute négligence ou laisser-aller peuvent être fatals. La circulation routière sur la RN 5 est fluide, le brigadier du barrage situé à proximité de l’hôtel Nassim ne signale rien (R.A.S) nous dira-t-il, la même réponse nous sera donnée dans tous les barrages visités, celui de la route de Tikjda, route de Aïn Bessem ou celui implanté près de l’université et la Cour de justice.La patrouille se rend ensuite à l’auberge de la jeunesse où réside une délégation de randonneurs français, la structure est sécurisée par des agents de police, M. A. Aziz, adjoint du chef de service de la voie publique s’assure que tout va bien… de retour, au barrage de la route de Haïzer, un véhicule suspect est stationné sur le bas-côté de la route à proximité du cimetière chrétien. Les deux occupants sont interceptés simultanément par les deux patrouilles qui se sont retrouvées ensemble sur les lieux, l’endroit est connu. Les consommateurs de boissons alcoolisées et autres stupéfiants se retrouvent souvent ici… A quelques encablures de ces lieux, un jeune couple est repéré. Il s’agit d’un jeune homme de 27 ans et d’une mineure d’à peine 17 ans, ils sont emmenés au poste, le jeune est ivre, les policiers trouvent sur lui plusieurs bouteilles de boissons alcoolisées… La procédure légale est respectée à la lettre. Une fois au poste, un policier enregistre leurs coordonnées, leurs poches sont vidées, tous les objets retrouvés en leur possession sont aussi enregistrés. La fille ne semble pas effrayée, elle dit connaître le jeune homme qu’elle présente comme son petit ami, habitant le même quartier qu’elle sur les hauteurs de Bouira… elle est évacuée à l’hôpital Med-Boudiaf pour consultation médicale auprès d’un médecin gynécologue afin de vérifier qu’elle ne s’est pas fait violée. Il faudra attendre le lendemain pour pouvoir contacter sa famille et établir un P.V en leur présence. Idem pour le jeune, il faut attendre son dessaoulement. En cas de détournement de mineure, il risquerait jusqu’à trois ans de prison. On nous explique que toutes les affaires signalées, enregistrées sont centralisées au niveau de la permanence, un rapport détaillé sera sur le bureau du chef de sûreté le lendemain. Chaque affaire sera traitée et suivie au niveau du poste de la police urbaine situé dans la circonscription où l’affaire a eu lieu. Ainsi, pas de repos pour les deux patrouilles. Celle de la voie publique a été appelée pour escorter deux officiers de police rentrant d’une mission en dehors de la wilaya et escortant un suspect arrêté, qui serait impliqué dans une affaire de trafic de voiture. Trois de ses complices sont déjà détenus séparément dans les cellules du poste, afin d’éviter qu’ils communiquent ensemble et formulent les mêmes déclarations lors de leur interrogatoire. Leurs droits sont systématiquement lus, d’ailleurs ils sont affichés en arabe et en français sur un tableau en face des cellules, à côté un téléphone permet aux prévenus de contacter leurs familles ou leurs proches… Une fois arrivés devant le centre de la police urbaine, on retrouve les deux officiers de police, ils sont avisés par radio et quittent les lieux avec l’inculpé, menotté. Direction l’hôpital Med-Boudiaf pour une consultation médicale du détenu. A l’entrée, un poste de police enregistre toutes les entrées et sorties et les cas suspects : blessures, accidents, suicides… sont instantanément signalés à la Centrale… la patrouille a effectué plusieurs interventions cette nuit-là, bagarre aux 130 Logements entre jeunes, consommations de boissons alcoolisées sur les lieux publics… tous les débits de boissons alcoolisées informels ont été fermés, la consommation sur les lieux publics est strictement interdite, des descentes se font souvent sur les lieux généralement fréquentés… Il est 4 h du matin, les deux patrouilles rejoignent le siège de la sûreté, leur mission n’est pas pour autant terminée.

Rayane B.

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