Si Muh U Mhend et Youcef Oukaci : deux figures légendaires

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La poésie, cette langue des vers, s’étale dans l’histoire, en kabylie, à l’ère de pionniers considèrés même comme mythe dans le langage populaire dans la région. Il s’agit bien évidemment du “poète errant”, Si Muh U Mhend et de Youcef Oukaci, deux légendes, dont le rapprochement à la chose poétique reste perpétuellement un trésor inépuisable. Et pour cause, éviter, aujourd’hui, Si Muh U Mhend particulièrement, reste inéluctablement un levier très palpitant pour la génération montante. Ayant passé pratiquement toute sa vie dans l’errance, Si Muh U Mhend, ce poète kabyle de la tradition orale, est natif du village Icharaiouene, à Tizi-Rached, relié jadis à la confédération de Larbaâ Nath Irathen. Il a ainsi vu le jour en 1845. A l’âge de 13 ans, soit après l’opération de “Pacification de la kabylie” menée par le général Francais Randon, la famille de Si Muh U Mhend se trouva contrainte de quitter le village, étant donné que ce dernier deviendra, quelques temps plus tard, fort Napoléon. Icharaiouène étant carrément rasé par l’armée coloniale, la famille de Si Mu U Mhend n’a pas tardé à prendre la tangente pour aller s’installer dans d’autres “cieux plus cléments”. Elle se dirigera, en effet, vers Sidi Khelifa, un petit hameau près d’Akebou. Toutefois, la famille de Si Mu U Mhend se fera pratiquement disperser après l’Insurrection de 1971. Dès lors, tous les biens des Ath Hamadouche seront spoliés. Ce sera ainsi l’occasion pour le poète de commencer sa vie en errance en parcourant un itinéraire allant d’Alger à Tunis pour déclamer ses vers à des concitoyens exilés pour des raisons politiques ou bien économiques. Cependant, sa vie d’errance lui fera subir une situation intenable qui se répercutera sur sa santé. Il fut ainsi admis à l’hôpital des Sœurs blanches de Ain El Hammam, en 1905, où il en tirera sa révérence durant la même année. Par ailleurs, il y a lieu de parler également d’un autre poète de la tradition orale qui fut en réalité un amusdaw. Il s’agit de Youcef Oukaci, l’un des hommes qui ont jeté leur dévolu sur la recherche, ou plus, sur plusieurs aspects inhérents à l’organisation de la kabylie ancestrale. Il est doté d’un savoir oral et pratique qui touche à de nombreux domaines de la vie social comme le code de la kabylie, le droit coutumier, l’histoire de la tribu… Au fait, Youcef Oukaci était un poète engagé et pragmatique. Il est né en 1680, selon l’estimation de Mammeri. Il est décédé vers la moitié du XVIII siècle. Aujourd’hui, pour que nul n’oublie ces deux figures légendaires, des manifestation en leur honneur sont organisées notamment en kabylie, à l’image du festival de la poésie Amazigh qu’organisent, ces jours-ci, les Association Si Muh U Mhend et Youcef Oukaci dans la région d’Azeffoun.

A. H.

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