Six cent familles d’enseignants en vacances

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Beaucoup plus que l’an dernier, les enseignants ont manifesté, cette année, un engouement à nul autre pareil pour les vacances organisées sur la côte, par les œuvres sociales de l’Education de la wilaya de Tizi Ouzou. Ceux qui ont eu la chance de passer un séjour à Souk El Tenine, durant l’été passé, ont fait des envieux. Ce qui explique que les responsables se retrouvent à faire face à une demande à laquelle ils étaient loin de s’attendre. Plusieurs sites ont été retenus, cette saison, pour accueillir plusieurs milliers de familles désireuses de changer d’air. Certaines préfèrent être logées dans des camps en dur alors que pour les autres, il n’y pas mieux que le camp de toile, pour la modique somme de 4000,00 DA. Pour les célibataires, des vacances à Annaba, dans un hôtel en demi-pension, est le rêve à portée de leurs bourses. Pour les pères de familles, le choix est diversifié. De Annaba à Ain Témouchent, en passant par Béjaïa et Tigzirt, les enseignants de la wilaya de Tizi Ouzou envahissent la côte. Cependant, le camp de toile de Zemmouri El Bahri semble celui qui a attiré le plus les maîtres qui aspirent à quelques jours de repos, mérité d’ailleurs, en compagnie de leurs familles.Située à l’entrée de Zemmouri El Bahri, le camp des enseignants se détache de la ville. Vous ne pouvez pas le rater. Devant le portail d’entrée, c’est l’effervescence. Le camp “Zemmoura” ressemble à une ruche en plein travail. Des grappes humaines y entrent, d’autres en sortent. On reconnaît les pères de familles qui reviennent des courses, les bras chargés de victuailles. La mer creuse le ventre comme on dit. Les appétits les plus délicats s’aiguisent ici grâce à l’air marin. Les autres, la serviette sur les épaules, ce sont les amateurs de la plage qui descendent piquer une tête et se dorer au soleil. Dès le premier regard, on reconnaît les habitués du camping et de la côte, et ce à leur décontraction et leurs accoutrements. Les novices eux, ne semblent pas très à l’aise dans les tenues de plage qu’ils portent, pour certains, pour la première fois. Beaucoup d’enfants et même des adultes découvrent, pour la première fois, les plaisirs de la mer.Les vacanciers descendent à la plage, située à quelque cinq cents mètres de leur lieu d’hébergement, en famille ou en groupe. La plupart ont pris la précaution de faire leurs réservations en compagnie des proches. On se sent moins dépaysés et puis on partage les plaisirs et les souvenirs de vacances.A l’entrée du camp, des gardiens veillent à la sécurité des estivants dont les allées et venues sont surveillées par le service de sécurité du camp, qui veille au grain. Sans carte d’accès, les véhicules ne pénètrent pas dans l’enceinte du village de toile.Cela ressemble en effet à un village à la différence qu’ici, les maisons ne sont pas en dur et sont alignées dans un ordre parfait. 150 tentes abritent autant de familles. Ce qui représente environ six cents personnes par session de 12 jours. Le camp hébergera donc pas loin de 2 500 individus auxquels il faudrait assurer l’eau en permanence, l’électricité, la sécurité, bref, les meilleures conditions de séjour. Ce qui n’est pas une sinécure. Les encadreurs de l’éducation ont fort à faire.Chérif Azouaou et ses camarades, membres de œuvres sociales, passent leurs vacances à veiller à ce que leurs collègues passent au mieux les leurs. Nous les avons surpris à travailler à deux heures du matin, avec M. Daffeur, le directeur du camp. Ils sont là pour quatre sessions de douze jours chacune.Dans le camp, la vie des estivants est réglée de façon à respecter la quiétude de leurs voisins. Bien que chacun s’organise à sa manière, à l’intérieur de sa tente, la vie en communauté obéit à des règles de conduite que chacun doit observer. Le respect du repos des autres est un des points sur lequel les organisateurs insistent beaucoup. Les tentes sont équipées de matelas, de tables et chaises et de tapis sur le sol. Contrairement à l’an dernier, les familles ne disposent pas de matériel de cuisson chez elles. Pour cela, deux cuisines collectives, équipées de réchauds à gaz permettent la préparation des repas loin des tentes. Ce qui réduit les risques d’incendies et vous épargne les odeurs et la chaleur de la cuisson. La plupart des tentes sont protégées du soleil par des eucalyptus. Une sorte de courette entourée de roseaux, propre à chaque maisonnette, vous permet de garder votre intimité à l’abri des regards indiscrets. Après la plage, il n’y a pas de place à l’ennui. Un programme d’animation est prévu chaque soir. Même si certains campeurs préfèrent se réunir entre amis, durant ces nuits chaudes, les amateurs de disc-jockey ou de veillées musicales ne risquent pas de s’ennuyer. En effet, chaque soirée est animée soit par des DJ, soit par des chanteurs qui font danser jeunes et vieux jusqu’à une heure avancée de la nuit. Les jeunes sont les plus gâtés puisqu’en plus de la musique, ils ont l’opportunité d’exhiber leurs talents en participant à divers concours, tels celui du meilleur danseur, de Miss camp, de la meilleure tente ou encore du cordon bleu du camp. Ce qui fait que les campeurs dorment encore à huit heures du matin. Ce n’est que tard, dans la matinée, que le rituel reprend. Les adultes commencent inéluctablement par les emplettes… et il est déjà dix heures ! Il ne reste pas beaucoup de temps pour la plage. Tant pis ! On se rattrapera l’après-midi. C’est d’ailleurs le moment que choisissent les mères de famille, occupées aux fourneaux durant la matinée, pour faire un tour et promener les tout petits à “la petite plage”. C’est la destination préférées des familles qui s’y sentent en sécurité. L’eau y est peu profonde et le sable fin, propre et doré. Ce qui explique qu’elle grouille de monde à longueur de journée. Les enfants peuvent barboter et s’en donner à cœur joie sans risque aucun. Quant à la grande plage où l’on perd pied dès les premiers mètres, c’est le domaine “des anciens”, des habitués de la mer qui cherchent un calme qu’ils ne trouvent pas de l’autre côté.Douze jours de cette vie particulière ne suffisent pas à vous retaper après une année passée avec des mioches qui vous usent jusqu’au dernier neurone. Mais ne faisons pas la fine bouche, surtout qu’il n’est pas à la portée de tous de se permettre des vacances au bord de l’eau. L’initiative des œuvres sociales est un bon point à l’actif de ses animateurs. “Ne serait-ce que pour ces instants de bonheur qu’on a donnés à ces chérubins, résidant pour la plupart loin de la côte, le jeu en vaut la chandelle”, dira Aït Ali Hamou. Les bonnes habitudes doivent se perpétuer et c’est ce que fait l’équipe des œuvres sociales de la wilaya de Tizi Ouzou depuis plusieurs années.

Nacer Benzekri

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