Le bras de fer entre un investisseur et une collectivité locale qui se déroule, en ce moment à Amizour, est d’une tristesse affligeante. Les arguments, non détaillés, que brandit le maire de cette localité pour empêcher l’implantation d’une unité industrielle paraissent un peu fragiles face aux attentes de l’APC en termes d’emploi et d’impôts. Si le premier magistrat a le devoir d’examiner et d’étudier tout projet d’investissement sur le territoire de sa commune, il n’en demeure pas moins qu’il doit toutefois rechercher une éventuelle entente et accord en cas de non-conformité ou d’entorse de la part de l’investisseur. Mais de là, à décréter, telle une sentence, l’interdiction pure et simple de l’implantation, le maire devrait réfléchir mûrement sa décision. Amizour, comme toutes les communes de Kabylie, a besoin de gens qui viennent investir pour y créer la richesse et l’emploi. Contrer d’une manière aussi brutale et légère de telles attentes ne peut qu’engendrer des questionnements sur les motivations des auteurs. Le maire-RCD d’Amizour n’a pas hésité à “détruire un bien public, à savoir une canalisation de gaz devant alimenter une unité de production d’aluminium, ayant investi en toute légalité 12 millions de dollars dans l’une des zones les plus sinistrées de la Kabylie”, déclare le Président-directeur général de la société Alexo-SPA. Cette dernière est constituée d’une part d’une société publique, la Somacob détenant 30% du capital et de l’autre 70% en apport de fonds privés. Même le Conseil des participations de l’Etat (CEP), présidé par le chef du gouvernement a donné son aval pour la constitution de cette entreprise. Le wali de Béjaïa, quant à lui, a ordonné une enquête publique, qui a abouti à la conclusion que le projet est respectueux de l’environnement. Après toutes ces péripéties et le parcours procédurier d’Alexo-SPA, le maire d’Amizour intervient sur une conduite appartenant à Sonelgaz, en date du 19 juillet. Pourquoi en est-il arrivé là ? S’il est du droit du premier responsable d’une APC, de douter des conclusions du CPE, du wali et de tous les démembrements de l’Etat à l’échelle locale, a-t-il pour autant le droit d’agir comme il l’a fait ?
C. Amayas