Ce jour-là, j’étais là…

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Le 19 novembre 2002, c’était, je me rappelle, un mardi et une journée d’automne qu’on aurait dit de printemps. Un temps calme et peu nuageux. Pourtant l’orage guettait.J’étais là, à Amizour, pour couvrir un meeting des archs, prévu au niveau du carrefour qui fait face au CPA, pour le journal La Dépêche de Kabylie.Une grande foule suivait attentivement les interventions de nombreux délégués de la CICB.Le meeting tenu loin de la brigade de gendarmerie et du commissariat de police se déroulait en toute quiétude durant cette nuit ramadanesque jusqu’au moment de l’apparition inattendue des policiers.Arrivés aux étendards du carrefour plein à craquer, ils ont fait dans la férocité en lançant une nuée de bombes à gaz lacrymogène sur le petit carré réservé aux animateurs du meeting.Cette intervention policière, menée manu militari, a réprimé dans la violence un rassemblement qui se tenait dans la sérénité la plus totale.La panique qui s’en est suivie n’a pas épargné des fidèles dont des vieillards qui étaient pris au piège par la bousculade et la fumée irrespirable des gaz lacrymogènes.Dans la foulée de ce ’’sauve-qui-peut’’, plusieurs personnes ayant tenté de sauter du haut de la placette ont été blessées.Deux véhicules dont le mien et celui de Arezki Aïteche, délégué de la commune d’Amizour ont vu leurs vitres brisées. Certaines figures de proue du mouvement, dont le célèbre chanteur Boudjemaâ Agraw, n’ont dû leur salut qu’à l’Imam de la mosquée qui leur a permis de rentrer dans ce lieu de culte. Ce qui les a épargnés d’ailleurs d’une arrestation certaine et musclée.Au quartier la Cité, où se sont réfugiés les nombreux délégués présents cette nuit-là, on parlait d’un jeune blessé par balle au cours de cette incursion policière.Je me suis rendu à l’hôpital, une heure après, où j’ai trouvé le jeune Messaoudi Hakim gémissant de douleurs dans son lit au pavillon des urgences.Le jeune Hakim souffrait d’une blessure au niveau de la partie charnue de la cuisse gauche.Le blessé que j’ai interrogé était formel : il a été atteint d’une balle tirée à bout portant par un policier qu’il dit d’ailleurs avoir identifié sur le tas. La balle n’a été extraite de sa loge que deux jours après.

Nadir Touati

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