« Amachahou rebbi ats iselhou ats ighzif anechth ousarou. » (Que je vous conte une histoire. Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).Derrière chaque grand homme existe une femme (qui tire les ficelles) dit un adage populaire. C’est l’histoire d’une femme que nous allons vous raconter à travers cette légende du terroir.Les hommes qui se laissent subjuguer par leurs femmes vous en avez sûrement vu. Ils existent dans votre famille, dans votre voisinage ou dans votre entourage. Il en a existé, il en existe il en existera encore. C’est ainsi que l’on raconte qu’à une époque immémoriale perdue dans la nuit des temps, les animaux avaient le don de la parole et communiquaient avec les hommes. A cette période, il y avait un roi (ag’ellid’) qui gouvernait son pays avec sagesse et modération. Tout le monde aime le monarque, mais personne n’aime le jeune prince, fils unique et héritier unique du trône. Tout le monde appréhende le moment où le jeune écervelé de prince prendra le pouvoir. Il leur fera sûrement voir des vertes et des pas mûres. La population prie le Tout-Puissant de laisser vivre jusqu’à cent ans ou au-delà, leur monarque bien-aimé. Le jeune prince gâté à l’extrême, a toujours eu ce qu’il voulait. Ses caprices extravagants ont toujours été exaucés par le roi régnant. C’est ainsi que dès qu’il atteint l’âge de vingt ans, il exige de son père de le marier avec la plus belle fille du monde.On lui a parlé d’une princesse d’une grande beauté, qui vit dans un pays lointain et c’est elle qu’il veut épouser.Pour ne pas le contrarier le roi accède à ses désirs. La jeune princesse voulue par son fils est ramenée au palais où la fête dure sept jours et sept nuits. Mais quelques années plus tard, un malheur se produit. Le monarque bien-aimé meurt. Après des jours de deuil, le jeune prince est intronisé. Il est désormais le roi tout puissant du pays. Sa femme devenue reine, commence à se mêler des affaires du palais. Bien qu’elle ne siège pas en assemblée, elle tient à être informée de tout ce qui se passe dans le royaume. Son roi de mari ne lui cache rien. Elle interfère dans ses décisions à tel point qu’il est pris en dérision par l’assemblée de sages qui ne pouvait lui dire que la reine ne connaît rien aux affaires et qu’elle ferait bien de se taire.Mais qui oserait le faire ? Sa diablesse de femme est capable de l’expédier en enfer !Tout le monde se tait. La reine infatuée de sa personne, a droit de vie ou de mort sur tous ses sujets. C’est le roi qui prend toutes les décisions en apparence seulement, mais en réalité c’est elle qui les prend en catiminI. Ses décisions sont souvent catastrophiques, mais elles sont toujours assumées par le jeune monarque, aveuglé par la beauté de la jeune reine écervelée, qui lui dicte toujours ses volontés. Un jour, elle exige du roi un habit que nulle femme n’a porté, un habit multicolore fait de plumes et de duvets.Le roi qui ne refuse rien à sa moitié, lui dit qu’il ignore où il peut le trouver.- Il n’existe nulle part, je le sais, mais je vais le faire confectionner ici au palais. Tu devras seulement rassembler toute la gent ailée et, demander à chaque espèce de te donner une plume et un duvet. Le roi qui commandait à tout ce qui vit dans son pays convoque tous les oiseaux. Ils viennent de partout. Il ne manque à l’appel que « thimiâroufth » (la chouette) qui n’a pas voulu se déplacer.Le roi offusqué, furieux et rageur ordonne à « sin id’oud’ar », deux aigles de la ramener sur le champ quitte à utiliser la violence pour la punir de son impudence.Quelques instants plus tard, la chouette est ramenée, escortée par les deux rapaces. Dès qu’elle fut en présence du roi, il lui crie à son endroit :- Oiseau de mauvaise augure, oiseau de malheur, tu es la seule à ne pas venir à l’heure ! Qu’as-tu à dire pour ta défense ?- Je vous pris de m’excuser majesté, je n’ai pas voulu vous offenser, mais j’étais complètement absorbée par les calculs que je faisais.- Des calculs ! Quels calculs ?- Figurez-vous, majesté, que cela fait quelques jours que je suis en train de dénombrer :G’er oussan d’oudhanAnoui ig qouan(Entre les jours et les nuits qui sont les plus nombreux ?)G’er ouid’ idrenD’ouid’ imouthenAnoua lah’sav ig moqren(Entre les vivants et les morts qui sont les plus nombreux ?)- G’er thilaouin d’irgazenAnoua lah’sav ig moqren(Entre les hommes et les femmes, qui sont les plus nombreux ?).Le roi curieux lui dit :- A quel résultat es-tu parvenue ?- D’après mes calculs majesté, des jours et des nuits, les jours sont plus nombreux car à la lueur du jour, il fait rajouter la clarté des nuits de pleine lune où l’on voit comme en plein jour. Pour les vivants et les morts, les vivants d’après moi, sont plus nombreux que les morts, car aux vivants il faut rajouter tous ceux qui ont laissé leurs noms gravés en lettres d’or par leurs bonnes actions ou leurs inventions. Pour les hommes et les femmes, je suis arrivée à la conclusion, que les femmes sont plus nombreuses que les hommes car aux femmes il faut rajouter tous ceux qui n’ont d’hommes que le nom. Car, figurez-vous majesté, qu’il y a des hommes qui se laissent guider par le bout du nez. Ils sont aveuglés et ne se rendent pas compte qu’ils sont ridiculisés par les caprices de leurs femmes qui leur demandent des choses insensées.L’allusions est claire pour le roi qui se mord les doigts.Touché de plein fouet par les phrases assassines de la chouette, il libère tous les oiseaux sans les déplumer.Honteux au fond de lui, il se ressaisit, va voir la reine et sans ménagement lui dit :-A partir d’aujourd’hui, c’est fini, tes caprices et tes injonctions sont du passé. Pour commencer ma nouvelle vie tu n’auras pas un habit de plumes comme tu me l’as exigé mais un habit d’épines ! Telle est ma volonté ! »Our kefount ethhoudjay inouOur kefoun irden tsemzine. As n-elaïd anetch aksoum tsh’emzine ama ng’a thiouanzizine. »(Mes contes ne se terminent comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’aïd, nous mangerons de la viande et des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).
Benrejdal Lounes