Canicule et histoire d’eau

Partager

Dans notre pays, l’alimentation en eau potable reste, à vrai dire, l’une des questions les plus ambigües auxquelles font face conscieusement nos collectivités locales. Cependant, de multiples problèmes liés à l’exploitation des ressources hydriques et à la gestion des réseaux hydrauliques sont d’importants facteurs ôtant souvent toute maîtrise à ces dernières et quelquefois même aux entreprises détenant le monopole de la gestion des eaux. Cet état de fait révèle surtout l’ampleur de la question au niveau des communes ne disposant pas de potentiel hydrique et qui sont alors tributaires d’un apport de l’extérieur pour leur alimentation. A l’instar de la commune d’Ath Leqser, dont la région est voisine de “Boucharaîne” et est son unique pourvoyeuse.En effet, la commune d’Ath Leqser souffre d’un grand manque crucial d’eau. Les nappes phréatiques sont inexploitables en raison de leur faible débit, ne pouvant alimenter que les sources et les puits domestiques. Hormis trois villages desservis par des sources captées et aménagées par les moyens de l’APC, tout le reste de la commune est alimentée par la région voisine précitée et ce, malheureusement par un seul forage ne répondant pas d’une manière suffisante et régulière aux besoins quotidiens de la population. A titre d’exemple, il faut au réservoir d’eau alimentant en temps normal le chef-lieu et les villages environnants, une durée de près de cinq jours pour son remplissage, soit un volume de 500 m3 d’eau épuisable en une journée, ce qui laisse regrettablement entrevoir un laps de temps insuffisant pour la consommation journalière des citoyens. Et ceci, encore, ne correspond pas à la réalité que vit actuellement ladite commune, laquelle se voit pénalisée par des situations de crise. Il s’agit alors d’établir sérieusement un diagnostic pour déceler l’ensemble des paramètres, sources de cette problématique hydrique. A ce sujet, l’alimentation à partir du forage Boucharaîne à la station de refoulement de Voumnazel connaît de nombreuses perturbations, du fait que cette ancienne canalisation est rongée par la vétusté et perd alors de plus en plus de sa résistance tout en subissant des ruptures causées par la pression de l’eau. Elle fait également l’objet de piquages illicites au village Guemgouma, ce qui réduit systématiquement les conditions optimales d’acheminement de ce liquide précieux vers l’ensemble des réservoirs d’eau, lesquels n’assurent qu’une alimentation de deux heures tout les deux ou trois mois. Sauf que la pénurie s’est accrue en ce temps de grandes chaleurs, à tel point que l’APC a recours à des camions-citernes pour alimenter le chef-lieu.Cela est dû, bien sûr, aux travaux de réhabilitation de ce tronçon, engagés suite à un projet dont la commune a bénéficié dans le cadre du plan sectoriel de développement (PSD). Sa concrétisation selon les études topographiques, a fait l’objet d’une déviation pour éviter les zones à risque, c’est-à-dire les lieux habités, tout en procédant aussi à l’enfouissement d’une tuyauterie en fonte blanche, une matière dure et cassable pour se garder des branchements et des piquages illicites. Sa réalisation qui tire actuellement à sa fin ne peut, à vrai dire, solutionner qu’à moitié le problème du manque d’eau car d’un autre point de vue, l’ensemble de tous les réseaux urbains qui datent de l’ère coloniale sont dans un état de corrosion avancé. Seule une enveloppe budgétaire conséquente pourra répondre à leur réhabilitation.Dans le contexte de la gestion hydraulique, les entreprises concernées, à l’exemple de l’ADE, doivent normalement y contribuer avec des projets de réalisation de réservoirs d’eau pour l’ensemble des villages de la commune ne disposant pas de réseaux de distribution, à l’instar de Tigmit et Ighil M’hella.En somme, l’histoire d’eau connaîtra son épilogue dans quelques années avec le parachèvement de l’actuel projet d’alimentation en eau potable confié à l’entreprise Cosider à partir du barrage de Tilzdith (Semmache), destiné à alimenter les douze communes situées au sud-est de la wilaya de Bouira et parmi elles, la commune d’Ath Leqser dont les travaux sont actuellement à un stade très avancé.

R. Debakhe

Partager