Fête en mer

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« Amachahou rebbi ats iselhou ats ighzif anechth ousarou. » (Que je vous conte une histoire. Dieu fasse qu’elle soit belle, longue et se déroule comme un long fil).Mentir est la seule trouvaille découverte par l’homme pour tromper son semblable et c’est de mensonge que nous allons vous parler aujourd’hui, à travers cette histoire du terroir mettant en scène des animaux marins et terrestres.Cette histoire se passe à une époque perdue dans la nuit des temps et à cette époque d’un lointain passé, les animaux avaient le don de la parole.Toutes les créatures vivantes qui vivent dans les airs, dans les mers, sur le sol ou sous terre ont un point commun. Elles sont sujettes à des maladies. C’est ainsi qu’un jour, le roi des poissons tombe malade subitement. De vigoureux qu’il était, il devient amorphe et se plaint de douleurs intenses à travers tout le corps. Les mages sont appelés à son chevet pour tenter de le soulager mais rien n’y fait.Le roi, aimé de ses sujets, risque de mourir si le remède approprié n’est pas trouvé. Au moment où tout semblait fini, le plus ancien des mages à la barbe fleurie, lance une idée :“- Notre roi ne guérira que s’il dévore un cœur de chacal vivant sur le continent. J’ai entendu parler de cela par hasard et je crois que ce remède est le bon. Ramenons-lui un et on verra !- C’est plus facile de dire qu’à faire ! C’est impossible, s’exclame à haute voix un membre de l’assistance.- Rien n’est possible pour sauver le roi !, renchérit l’ancien mage mécontent.- Comment allons-nous faire ? Nous sommes des animaux marins et aller sur terre c’est l’échec et la mort à coup sûr.»Devant les palabres sans fin, et la polémique qui s’installe autour de son lit, le roi lucide d’esprit malgré sa léthargie, chasse tout le monde et appelle l’aînée de ses filles et lui dit :- Our ouminagh h’edAla k’emini(Je n’ai confiance qu’en toi ma fille) et c’est toi seule qui me ramènera ce remède. Voilà comment tu procéderas.Tu iras sur la berge de notre royaume et tu diras à tous les animaux terrestres que tu rencontreras que le roi de la mer les invite à la fête qu’il donnera ce soir en son palais marin. La nouvelle se propagera et le chacal comme” tous les autres viendra. Et il en fut ainsi. Quelques instants plus tard, le chacal vient, dès qu’elle le voit, elle vient lui dire :- Selt’an levh’ar ig’a thamaghraYaâredhd louh’ouch aok maraAla k’etch ig khougen ay ouchen(Le roi des poissons donne une fête, il a invité tout le monde il ne manque que toi, si tu veux y assister, dépêche-toi !)Tous les invités qui se sont présentés ont été escortés au palais. Moi, je suis là spécialement pour toi, je suis la fille du roi, monte sur mon dos, on arrivera au plus tôt.Sans méfiance aucune, le chacal enfourche la fille-poisson qui démarre en trombe. Une fois en mer, le chacal est dérouté, il réfléchit à ce qui lui arrive et comprend presque un peu tard que sa virée en mer est peut être la dernière. Ils s’adresse à la fille et lui dit :- D’achou ig zahounD’i dounith a thislemth ?(Qu’est ce qui rend triste ou joyeux sur terre ou surmer ?)- C’est le cœur, mon cher !- Vois-tu, ma fille, je viens de m’apercevoir que j’ai laissé mon cœur sur la terre et sans lui, je suis incapable d’assister à la fête du roi. Ma joie ne sera entière que si je retourne sur la terre pour le ramener. Retournons d’où nous venons et nous le ramènerons.La fille qui n’avait pas saisi les propos du chacal croit à ce qu’il lui dit. Elle fait volte-face et le ramène d’où il est parti. Dès qu’il met ses pattes sur les rochers bordant la mer, il lui dit dit hors d’atteinte :- Qriv ith g’la-m s-issiLoukan ikoun ihd’a rebbiThamaghra d’ilevh’ar d’aouzghiThagi d’i laâmar thedhri(Vous m’avez presque eu, si Dieu vous a assagi, une fête en mer, c’est du jamais vu !)Le chacal quitte les lieux heureux de sauver sa peau, quant à la fille-poisson, elle retourne chez elle dépitée et en rogne de s’être laissée berner par un chacal qui était, il y a seulement quelques instants, à sa merci. »Our kefount ethhoudjay inouOur kefoun irden tsemzine. As n-elaïd anetch aksoum tsh’emzine ama ng’a thiouanzizine. » (Mes contes ne se terminent comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’aïd, nous mangerons de la viande et des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).

Benrejdal Lounes

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