La Dépêche de Kabylie : A mi-mandat, pouvez-vous Monsieur le président nous faire un bilan de votre action ?M. Nacer Mokrani : Dans le cadre du budget de wilaya, nous sommes en train d’assainir le chef-lieu de commune. Vous n’êtes pas sans savoir que le réseau d’assainissement est dans un état calamiteux : eaux usées à ciel ouvert, fossés et oueds bouchés, ce qui n’est pas sans incidence sur le réseau routier. La rue principale, menant au CEM est aussi une de nos priorités car à chaque grosse ondée, le chemin d’accès se transforme en bourbier. Nous sommes aussi entrain de revoir le réseau à Ivourassène avec la construction d’un bassin de décantation. Comme vous l’aurez remarqué, l’assainissement retient à peu près l’essentiel de notre énergie.
Quoi encore ?De même, nos efforts sont axés sur la jeunesse qu’il faut absolument occuper. Ainsi la Maison des jeunes est en voie de réhabilitation. Concernant le secteur de l’éducation, notre souci est d’éviter aux jeunes, d’Ivachirene, Ireza, Mellala, Seroual de se déplacer vers Oued Ghir. Celà passe par l’érection d’un nouveau CEM et le seul endroit idoine, après mûre réflexion s’avère être Mellala. L’emplacement exact se trouve être l’ancienne école qui ne répond plus aux normes (amiante) et qui doit-être mise à bas. Nous envisageons l’implantation d’un CEM base 5.Les études sont en cours et nous avons bon espoir de voir le projet aboutir après maintes délocalisations. L’autre grand chantier auquel nous nous sommes attelés et la réhabilitation de l’administration du siège de l’APC. Nous nous sommes penchés dès notre installation sur le volet nettoyage et entretien…Malgré toute notre bonne volonté, nous nous heurtons, et c’est un truisme que de le dire au délicat et presque insoluble problème de moyens. Sachez que le budget de la commune est voté pour huit mois. En cas d’absence prolongée d’une subvention, nous ne pouvons même pas assurer les salaires de nos employés.
Quel était l’état de la maison APC à votre arrivée ?Premier constat, l’administration dont nous avons hérité, n’ayons pas peur des mots, était sinistrée. Un seul exemple pour éclairer votre lanterne : les B. S., les comptes administratifs de la commune n’ont pas été établis depuis 1995 ! Je ne cesse en vérité de m’interroger sur le pourquoi de ce laxisme général, sérieusement nous n’avons ni le temps, ni les moyens de réaliser un travail de qualité que le peuple est en droit d’attendre de ses édiles. Un autre problème vital que je n’ai pas encore cité, c’est celui du foncier. Actuellement, nous sommes arrivés au stade où nous ne pouvons même pas lancer à Oued Ghir ne serait-ce qu’une salle de classe. Les terrains existent, mais ils appartiennent aux privés. Alors que faire ?Où en est le problème du gaz. La rumeur populaire parle d’une opération bâclée. Comment appréciez-vous la situation ?Il est vrai que le contrat portant installation et livraison de gaz du chef-lieu jusqu’à Ivachirène comporte dans sa réalisation plusieurs lacunes, en ce sens qu’il y a eu plusieurs oublis. Nous sommes au stade du rattrapage de ces omissions. L’opération gaz est donc en voie de finalisation.Autre problème, vital lui aussi, l’état de nos routes qui sont toutes, je dis bien toutes à refaire. Le goudron à Mellala n’est plus qu’un lointain souvenir. A Ireza, c’est l’étroitesse de la route qui pose problème. La voie menant d’Ivachirène à Mellala, parallèle à la RN aurait du constituer une priorité. Toute la voirie, par ailleurs, est à revoir. Là nous avons bon espoir de bénéficier d’une enveloppe conséquente, dans le cadre de la relance économique.Concernant le point sensible du logement, nous avons 50 logements sociaux. Toujours dans le cadre de la relance, il nous a été demandé de recenser l’habitat précaire, la cité SAS à Oued Ghir, de sinistre mémoire et quelques mesures à Mellala. L’éradication de ces ilôts de misère serait une grande avancée.
Où en est l’opération locaux au profit des jeunes?A notre arrivée, l’opération était déjà lancée. Des locaux ont été bâtis en plein centre. Il s’agit de locaux professionnels et non commerciaux. Disons-le tout de go, l’opération a été très mal comprise et donc mal menée. La priorité est à la délocalisation, car c’est l’ensemble de la commune qui doit en bénéficier. Mais, comme le dit l’adage, à chaque chose malheur est bon, nous avons obtenu l’aval pour installer un Foyer de culture au niveau du premier étage de la bâtisse. Il s’agit d’une bibliothèque communale en plein centre ville ! Une autre action en direction de la jeunesse : la Voute laissée à l’abandon. Nous l’avons récupérée et comptons la remettre, en même temps que la Maison des jeunes, à ses utilisateurs légitimes.
Quelles ont été vos principales déceptions ?Commençons d’abord par déplorer l’absence de contacts entre élus. Personne, à ce jour, n’a pensé à nous réunir pour débattre de nos problèmes et difficultés ! Nous n’avons aucun espace privilégié de communication, ni de passerelles inter-élus. Pire encore, ma déception devient énorme lorsque j’ai fini par savoir que nous ne sommes ni entendus, ni écoutés.
Faites-vous allusion à la dernière décision d’implanter une prison sur vos terres ? Il paraît que l’administration à passé outre votre avis négatif !Affirmatif ! Juste après notre installation, nous avons été saisis par le wali pour avoir notre avis. Notre réponse a été sans équivoque puisque nous avons répondu par un “niet” catégorique. Et cela sans tomber dans le nihilisme primitif. Nous avons argué du fait qu’un tel projet risquerait d’hypothéquer le développement local puisque prévu sur d’excellentes terres agricoles appartenant à une EAC modèle et productive, dirigée, de surcroît par des ingénieurs. Oued Ghir risque de se retrouver ceinturée d’un côté par une caserne de poste et de l’autre par un pénitencier ! Le choix, selon notre entendement aurait été plus judicieux si le terrain était inculte, improductif. Nous pouvons dire oui au pénitencier mais pas à l’entrée de la ville ! Ça a le mérite de la clarté. J’ai failli, le jour où le site a reçu la visite de Monsieur le ministre de la Justice créer un incident protocolaire. J’ai arrêté le véhicule du ministre pour lui préciser, au cas peu probable où il ne le saurait pas, qu’élus et citoyens de Oued Ghir s’opposent et s’opposeront à l’mplantation de cette méga prison à l’entrée de notre cité. Cela est symptomatique de l’estime et de la considération dans lesquelles sont tenus les élus. Dans les faits, le maire ne représente rien du tout et ne dispose d’aucun pouvoir.Toutes les personnalités de la wilaya ont été interpellées devant le ministre, le wali en tête. Aucune n’a demandé à nous rencontrer, ni à se déplacer sur notre commune. Le ministre, par courtoisie, m’a entendu, sans plus, la décision étant “scellée et non négociable”.
La commune de Oued Ghir a eu des antécédents avec la décharge que la wilaya a voulu installer sur votre territoire.Je l’ai stoppée, j’ai déclenché une véritable guerre. Le problème est donc définitivement résolu.
L’échéance 2007 est-elle une de vos préoccupations ? Elle ne m’empêche pas de dormir. Ce qui m’importe, c’est de réaliser le maximum d’ici la fin de mon mandat, en mon âme et conscience. Par pour la postérité, ou pour d’autres considérations plus terre à terre, mais pour être en phase avec moi-même et avec mes administrés. Si j’arrive à réaliser tout ou partie des promesses faites aux citoyens, alors je m’estimerai heureux.
Entretien réalisé par Mustapha Ramdani
