Rabah Toumert est né en 1953 à Ait Abdelmoumen, un joli village de la daïra des Ouadhias, qui aurait pu être un paradis si la vie n’ y était si difficile, surtout à l’époque dont il est question dans le premier roman de cet écrivain, sorti il y a quelques semaines aux éditions “Le Savoir”. D’abord, un petit mot sur cette jeune maison d’édition. Elle a été créée par un jeune auteur en tamazight, Hamid Mouzaouis dans le cadre de l’Ansej. La maison d’édition occupe un local au niveau des bureaux de l’ex-monoprix de Tizi Ouzou et a, à son actif déjà de nombreux titres dont un nouvel ouvrage sur Si Mohand Ou M’Hand. Concernant le livre de Rabah Toumert, il s’agit selon toute vraisemblance d’une autobiographie. Ce n’est d’ailleurs pas la peine de rappeler que souvent, le premier roman raconte des bribes de la vie des auteurs. Rabah Toumert s’est beaucoup inspiré des livres de Mouloud Feraoun, notamment dans les passages descriptifs. L’auteur a tout l’air d’avoir été trop marqué par la misère qui régnait à l’époque en Kabylie. Une misère qui faisait souffrir les enfants mais qui finissait par faire d’eux des hommes capables de faire face à toutes les situations imprévisibles mais inéluctables que réserve la vie à chacun de nous.D’ailleurs, ce n’est point un hasard si Rabah Toumert dédie son livre aux petites gens, humbles, simples et ordinaires, qui ont passé leur misérable vie dans la galère à trimer pour pouvoir gagner leur maigre pitance, et, à tous ceux qui ont été victimes, arbitrairement de l’injustice des hommes. Certains détails contenus dans ce livre peuvent paraître inutiles car s’agissant d’un roman, mais on se rendra vite compte de leur utilité. Ils permettent au lecteur de découvrir non sans plaisir et avec énormément de nostalgie la vie d’antan. Une vie certes ardue mais pleine de charme et de persévérance. Les travaux manuels aujourd’hui disparus sont à l’origine du stress qui gagne de plus en plus nos contrées, l’oisiveté étant mère de tous les vices, et l’effort moral, s’il n’est pas équilibré d’un effort physique, engendre toutes les maladies liées à l’esprit et dont l’éclosion a atteint son summum ces dernières décennies.Bien qu’il s’agisse d’une jeune maison d’édition aux moyens rudimentaires, il n’en demeure pas moins (et c’est très important de le signaler) que Les Montagnes de la douleur est un livre très bien confectionné, dans la forme et dans le fond. Point de coquilles, auxquelles nous ont habitué les jeunes éditeurs. Le mérite de l’auteur est en ce sens grand, puisqu’ il a refusé de bâcler son livre et il ne l’a édité qu’après un nombre interminable de relectures et de corrections. Rabah Toumert propose un roman sérieux. Les Kabyles doivent le lire pour se souvenir et les autres doivent le lire pour savoir.
Aomar M.