Il est revenu l’enfant prodigue

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Situé à quatre kilomètres environ du chef-lieu de daïra Iferhounène, le village Boumassaoud relevant de la commune d’Imssouhel, et qui compte 500 habitants, a vu naître en son sein, un certain 1er janvier 1927 celui qui deviendra après plus d’une cinquantaine d’années de travail et de création l’un des maîtres de la chanson kabyle, aura vécu en ce week-end une des plus belles journées et des plus mémorables de son histoire.En effet, les villageois de Boumassaoud avec tous leurs invités avaient tenu à rendre un grand hommage à la mesure de son œuvre à leur fils qui a su, ô combien les honorer.D’ailleurs, une association au nom du grand interprète-compositeur a été créée pour pérenniser son héritage culturel. Le coup d’envoi de cette grandiose manifestation a été donné, à la mi-matinée de ce jeudi par Chérif Kheddam en personne, qui malgré le poids de ses quatre-vingt ans et sa santé fragile a retrouvé le temps de cette rencontre toute la plénitude de sa jeunesse et la vivacité de son enfance.Entouré du P/APC de la localité, de Ould Ali El-Hadi, directeur de la culture de la wilaya de Tizi-Ouzou, du directeur de la Chambre des métiers, ainsi que d’un autre grand chanteur kabyle, en l’occurrence Hassane Abassi, Chérif Kheddam, d’un petit pas se dirigera d’abord, après une brève prise de paroles des responsables de l’association, vers le nouveau siège de la dite association pour son inauguration.A l’intérieur de la grande salle, une exposition retraçant la vie de l’auteur-compositeur-interprète a été préparée à côté de nombreuses photos et autres témoignages de presse.Trois jeunes poètes, ont tenu à être de la fête, tout en procédant à des ventes dédicaces de leurs œuvres et en se faisant connaître du public, il s’agit de Kamal Sabi, Mourad Boelkhouas et Fadhéla Fellag.Sur la place du village et tout le long de la ruelle étroite conduisant vers sa maison natale, le grand maître de la chanson kabyle moderne saluera un après l’autre tous les exposants qui sont tous des artistes-créateurs dans les divers domaines : broderie, tenues traditionnelles à l’exemple de Hakima Maouchi, venue de Tizi-Guefres ou Djamila Aouiche de Tizi-Ouzou.Le célèbre tapis d’Ait Hichem était présent aussi à cette fête grâce à Haddaf Taos,comme le furent également bien sûr les bijoux de Beni-Yenni à côté d’autres stands de poterie et vannerie.Avant de marquer une longue pause au stand de la Ligue de prévention et de sauvegarde de la jeunesse et de l’enfance, Chérif Kheddam a félicité les responsables de l’école des arts et métiers d’Ain El Hammam qui dispense des formations en hôtellerie ainsi que ceux chargé de la préservation du patrimoine au niveau de la direction de la culture qui étaient présents avec une riche exposition de photos.Tout le long de l’unique ruelle ornée de ses portraits ainsi que des textes de ses chansons, Chérif Kheddam n’oubliera pas pas de montrer à ses invités la petite mosquée du village qui garde toujours son aspect malgré son âge.Arrive enfin, le moment le plus émouvant celui de découvrir la demeure paternelle de feu Hadj Omar qui fut également un poète et de sa mère Fathma Ait Ali.Malgré qu’elle ne soit pas occupée en permanence, la maison natale de Chérif Kheddam est bien entretenue par ses proches. De retour sur la place du village où une tribune est dressée, un groupe Idhaballen donne la réplique permettant à plusieurs jeunes de montrer devant le grand maître leur talent de danseur. L’ambiance a ainsi carrément explosée et ne s’arrêtera qu’aux environs de 2 h du matin avant de reprendre quelques heures plus tard pour ne plus s’arrêter du moins jusqu’au moment où nous mettons sous presse.Sur la scène, la chorale enfantine de l’association interprètera plusieurs œuvres de Chérif Kheddam lequel, assis derrière les enfants ne cessera de les encourager et de marquer tout son enthousiasme, tout le monde aura remarqué sa joie et son bonheur tout à fait enfantin.Les jeunes musiciens,des adolescents auront vécu également les plus beaux moments de leur vie en jouant aux côtés de leur aîné sans faire de fautes,si ce n’est que par moment, le grand maître,par réflexe faisait un signe à l’un des membres de l’orchestre.Ainsi, durant des heures, sans montrer aucun signe de fatigue, Chérif Kheddam assistera à toutes les représentations, hormis le gala nocturne où il s’excusera pour aller se reposer.Nora Ait Brahim, l’autre vedette de la chanson kabyle marquera de son empreinte cette fête avec d’autres chanteurs-amateurs et autres groupes musicaux venus d’un peu partout comme celui de Beni Mansour (Bouira) alors que l’animation a été dirigée par un professionnel en la personne de Kamel Abdat, animateur de l’émission radiophonique sur la chaîne II  » Tikovache  » (des haches). Une des découvertes de cette fête est sans doute la chorale polyphonique  » Anzar  » de Tizi-Ouzou dont le travail est des plus méritoires. Néanmoins,si cet hommage fut un grand succès, c’est d’abord grâce à la mobilisation de tous les villageois de Boumessaoud, grands et petits,hommes et femmes,enfants et vieux avant d’être celuides organisateurs lesquels n’ont ménagé aucun effort depuis des mois pour cette réussite dans tous les compartiments. La presse a été de loin la plus choyée et tout le monde a été aux plus petits soins pour elle avec la mise à sa disposition de la demeure de M. Ammi Rezki, un émigré comme « Maison de la presse ».

Essaid N’Ait Kaci

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