683 romans, de l’actualité brute à la crise d’identité

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Toujours plus! Avec 683 nouveaux romans en librairie pour la rentrée littéraire, la production éditoriale frôle son niveau record. Sans vraies têtes d’affiches, mais avec des dizaines de jeunes auteurs pour assurer la relève, entre crise sociale et quête d’identité.683 romans, c’est vingt de plus qu’en 2005, à un souffle du record de 2003 (691). C’est surtout 274 de plus qu’en 1997, dernière année « raisonnable » avant que la machine ne s’emballe. Dans cette montagne de livres, 475 romans français (449 en 2005) et 208 étrangers (214), à paraître d’août à octobre, selon le pointage du magazine spécialisé Livres Hebdo.Une production dopée par l’envie d’un nombre croissant d’éditeurs de se mêler à l’emballement de la rentrée et de se mesurer aux plus grands. Autant dire que quelques dizaines de titres seulement trouveront suffisamment de lecteurs, et que beaucoup disparaîtront à peine sortis des cartons. Pas de bêtes à prix littéraires cette année – Michel Houellebecq, « affaibli, semi-lucide », déprime cet été sur son blog -, mais des écrivains réguliers, des orfèvres du roman sans lesquels il n’y a pas de rentrée littéraire.Dans Journal d’Hirondelle (Albin Michel), son quinzième roman en quinze ans, Amélie Nothomb raconte l’histoire d’un coursier devenu tueur à gages. Christine Angot donne « Rendez-vous » chez Flammarion. Michel Del Castillo arrive chez Fayard avec La religieuse de Madrigal et Yann Moix s’invente un « Panthéon » chez Grasset. Rentrée sociale, cette année. Chômage, violence, immigration, éducation, crise des banlieues… sont autant de thèmes abordés par les romanciers. Dans Eldorado (Actes Sud), Laurent Gaudé, 34 ans (Goncourt 2004), évoque le drame des clandestins au large de la Sicile et les banlieues ont inspiré à Jean-Eric Boulin, 28 ans, un inquiétant Supplément au roman national (Stock). Il n’y a pas d’âge pour publier son premier roman, dont le nombre reste en revanche stable (97 contre 96 en 2005). Le benjamin, Bruno Lemoine, a 25 ans. Son personnage de Matachine (Al Dante) égorge une passante dans un accès de folie. Le doyen, Maurice Baron, publie L’illettré (Anne Carrière) à 69 ans. De jeunes auteurs déjà reconnus pointent le nez à l’approche des prix littéraires. Christian Authier, 37 ans, publie Une si douce fureur (Stock), Gaspard Koenig, 24 ans, Un baiser à la russe (Grasset), et Florian Zeller, 27 ans (Interallié 2004), vise large avec Julien Parme (Flammarion), les tribulations d’un adolescent égaré dans la nuit parisienne. Si la parole est libre, le volume baisse. Beaucoup de courts récits cette année, 120/150 pages, pour capter l’attention de lecteurs de plus en plus sollicités. Des romans brefs, incisifs, dont les titres claquent : Valdingue (Natalie Carter, Robert Laffont), Borderline (Christophe Nicolas, UBU), « Fraternité » (Marc Weitzmann, Denoël), « Bouchère » (Catherine Soullard, Calmann-Lévy), Nous arrivons (Christine Lapostolle, Seuil)… Une économie de mots pour dire l’inquiétude, l’absence de repères ou la colère d’une génération. Certains se mettent carrément en boule. Alain Mabanckou publie Mémoires de porc-épic (Seuil) et Muriel Barbery L’élégance du hérisson (Gallimard)

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