Depuis l’avènement de la “blue tongue”, langue bleue, maladie mortelle pour les ovins et bovins, à ne pas confondre avec “blue tong”, qui signifie littéralement “savate bleue”, les langues semblent de moins en moins vouloir se délier devant l’insistance des éleveurs qui de leur côté tirent la langue en attendant une solution avant que leurs cheptels ne soient entièrement décimés. Les services chargés de communiquer les informations sur cette maladie auraient-ils un bœuf sur la langue ? En communiquant avec parcimonie et en tournant soigneusement sept fois leurs langues dans leurs bouches, les vétérinaires, après avoir pris langue avec eux, disent ne pouvoir qu’appliquer les mesures qui sont mises à leur disposition. C’est-à-dire des moyens de prévention, pour éviter que la maladie ne se propage.Le tube de l’été sur les “flower dance” d’outre-mer étant sans nul doute la fameuse ‘’Marche des tongs’’, en Algérie et plus précisément en Kabylie, la langue demeure un des organes charnus les plus nocifs, et d’ailleurs ne dit-on pas qu’avoir la langue bien pendue nuit. En telle période estivale, les populations subissent toujours les affres de la soif, de ce fait elles tirent la langue. A quelques semaines du mois de Ramadhan, c’est une autre sorte de langue qui fera souffrir l’infortuné père de famille. La langue d’oiseau nécessaire à la préparation de la chorba. Une chorba qui justement risquera de ne pas trop contenir de protéines par les temps qui courent. Le spectre de la grippe aviaire étant encore toujours présent dans les esprits, la viande de bovins et d’ovins risque d’être également boycottée par les ménagères. Certes, il y aura toujours de mauvaises langues pour dire que les étals ne sont pas achalandés par de la viande suspecte, mais là encore, sait-on jamais ? A vrai dire, il y a de quoi donner sa langue au chat devant autant d’incohérences qui émanent pour la plupart d’une même et unique source. La maladie d’Iberraki serait une maladie qui s’apparente à la blue tongue, en attendant les résultats des analyses effectuées sur des sujets atteints ! Ces prélèvements ont certes été confiés à des laboratoires spécialisés depuis le temps, mais les résultats tardent à être communiqués. Serait-ce donc une maladie plus grave que prévu pour que les autorités sanitaires aient avalé leurs langues ? Les services des inspections phytosanitaires font de leur mieux, ils luttent chimiquement sur les foyers susceptibles d’abriter les moustiques vecteurs de cette maladie. Désinfections et décontaminations des mares, des oueds et des étables sont la seule solution de l’heure pour combattre ce qui s’apparente à la blue tongue. Une maladie qui fort heureusement n’est pas une zoonose sinon, au vu du nombre impressionnant de bêtes qui sont mortes contaminées par l’Iberraki, on imagine aisément le bilan si la maladie pouvait se transmettre à l’homme. Même si ces dires émanent d’une langue de vipère, le pire est évité. Devant l’absence d’informations plus éloquentes pour permettre aux éleveurs de prémunir leurs cheptels contre la maladie d’Iberraki, la langue de bois persévère dans un pays trilingue où tout le monde parle sans toutefois se comprendre. Au pays de la tchatche, beaucoup de salive y est dépensée, la langue fourche parfois, mais elle demeure souvent pâteuse et chargée de non-dits.
Hafidh B
