La poésie à fleur de peau

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Comme tous les jeunes Kabyles qui continuent, chacun à sa manière, de braver les défis d’une vie miséreuse, Lmouloud Ou Yedder, issu de la couche moyenne, a choisi le chemin combien pénible d’un chanteur qui tente tant bien que mal de semer la joie autour de lui.C’est avec sa modestie légendaire qu’il nous reçoit dans la cafétéria qu’il tient depuis déjà plus de deux ans au chef-lieu de la commune de M’chedallah, en ne se gênant pas pour entonner quelques airs ou déclamer quelques vers dès que le besoin se fait ressentir dans la gorge de notre troubadour. Il avoue ne pas pouvoir s’en empêcher malgré les conditions qui le réduisent à l’anonymat. La poésie est devenue, de ce fait, l’ombre de sa silhouette et sa voix tonitruante fait de lui le ténor de la chanson d’amour et de l’espoir qu’il continue à bercer comme dans une idylle chantée à voix basse.Lmouloud, a la poésie à fleur de peau et il a, dès son jeune âge, choisi les chemins escarpés de l’art et de la rhétorique. Son penchant pour la chanson kabyle le pousse à user de ses cordes vocales pour exprimer ses sentiments les plus tendres et les plus ardents. Sa sensibilité d’artiste le conduit par la suite à pleurer le sort de son pays, ce qui, par contre, ne l’a pas empêché de fredonner l’amour, l’espoir et… la joie de vivre.Paradoxalement, Lmouloud est presque inconnu du grand public. Mais, sa profonde conviction et sa passion l’ont depuis toujours, encouragé à continuer son chemin… centre vents et marées. Toutefois, il ne semble pas pour autant cacher sa tristesse quant au devenir de la chanson kabyle qui d’après lui connaît une vraie décadence, notamment thématique. Il dira en substance “les pionniers sont partis et la chanson ne cesse de sombrer depuis qu’elle est devenue un fonds de commerce”.Incontestablement prédestiné à la chanson, il voue un intérêt particulier pour la poésie. Sa manière de manier le verbe est l’autre facette de la médaille, celle qui témoigne de l’originalité du sens qu’il accorde à ses sensations. Par ailleurs, eu égard à sa vocation innée de chanteur, son maître, Youcef Mammeri professeur de musique fut pour beaucoup dans la carrière du jeune artiste. Ce dernier l’incitât et l’encourageât à faire ses premiers pas dans le monde de la chanson.Ensuite ce fut un long parcours qui déboucha sur l’enregistrement de son premier album en 2000, sous le titre Azfuf.Expérience très mal digérée par l’artiste puisque l’enregistrement et les mixages ont été mal faits. Cependant, cela n’a jamais constitué une raison pour que Lmouloud abandonne la partie. Depuis, l’artiste ne cesse de faire de nouvelles compositions qui, assurément, ne manqueront pas d’émerveiller. Ainsi, un recueil de poésies est déjà fin prêt et n’attend plus que la publication. Un autre front que Lmouloud vient d’ouvrir pour mieux faire passer son message.

Lyazid Khaber

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