Jamais la localité de Fréha, notamment son chef-lieu, n’a connu une aussi grande pénurie et mauvaise distribution de l’eau potable que lors de ces quatre derniers mois. Une situation reflétant une gestion hasardeuse on ne peut plus déplorable, mettant les ménages dans un état de guet et de révolte.Il est vrai que le rationnement des populations de Fréha pour cette denrée connaît depuis des décennies quelques perturbations, dues essentiellement, à l’insuffisance d’infrastructures de stockage et à la vétusté des conduites mais l’été 2006 restera le plus entaché d’interrogations quant à la rationalité des responsables de l’ADE (Algérienne des eaux) d’Azazga dans l’accomplissement de leur mission. Cela se traduit par le calendrier –s’il existe vraiment un calendrier- de rationnement en eau des cités et quartiers de Fréha-ville dont les jours, horaires et quantité d’eau à servir, ne sont jamais réguliers. Cela dure depuis le mois de mai dernier avant d’aboutir à ce qui ressemble fort à une anarchie de gestion, durant les mois de juin, juillet et août courant. L’exaspération des citoyens a atteint son paroxysme, ayant attendu plus d’un trimestre que la situation s’améliore, mais elle devient de plus en plus intenable et risque de créer des débordements. La révolte couve insidieusement dans l’esprit des ménages. A Fréha, pour se ravitailler en eau potable, il faut être vraiment armé d’une force morale herculéenne. Ce genre d’état d’esprit est valable pour deux catégories de ménages : celle qui est sûre de recevoir l’eau mais sans savoir à quelle heure les vannes s’ouvriront et celle qui invoque le bon Dieu pour que l’ADE se rappelle que les gens de leur catégorie ont vraiment besoin d’eau pour vivre (!) Ce sont les ménages des cités qui ne savent jamais quel jour leurs robinets vont leur offrir un semblant de sourire taré. C’est le constat auquel sont arrivés, sans la moindre démesure, les chefs de foyer qui nous ont fait part de leur calvaire qui semble perdurer dans le temps.A vrai dire, ces chefs de famille n’ont pas trouvé la moindre planche de salut ni auprès de l’ADE, en manque d’arguments, ni auprès des élus pour lesquels le problème de l’eau ne relève plus de leurs prérogatives. Des élus qui loin d’ignorer le calvaire de leurs concitoyens, se sont tapis dans un mutisme et un immobilisme distants. Certes la pénurie de l’eau touche de plein fouet et à la longueur de l’année, l’ensemble des villages de la commune, mais la situation qui sevit à Fréha-ville est sans précédent. Le problème nodal est celui de ne jamais pouvoir savoir quant l’eau coulera des robinets. Les ménages sont tenus de la guetter jour et nuit sans être sûr de pouvoir faire les réserves. « Ma femme et mes enfants se relaient, de jour comme de nuit, pour guetter l’arrivée de l’eau dans les robinets, cela peut prendre des heures et des heures. Des fois la chance nous sourit, après des heures passées à épier le bruit de la pression que dégage l’ouverture des vannes, le liquide arrive, c’est le branle-bas et la course contre la montre avant que les vannes ne se referment. », nous dira révolté Da Mohand habitant la cité des 300 Logts RU. D’autres habitants de cette cité ou des autres quartiers de Fréha, se disent complètement oubliés. Le liquide ne parvient dans leurs foyers qu’une heure ou deux tous les dix jours au mieux. « Ayant constaté que l’eau n’est pas revenue depuis plus de dix jours, je suis partie m’enquérir de la situation auprès de services de l’ADE d’Azazga qui m’ont promis de se déplacer chez moi et voir les raisons d’une telle pénurie. Alors que cette réponse m’avait déjà intriguée, deux agents de cette entreprise sont venus chez moi pour me dire que mon compteur est bouché, ce qui empêcherait l’eau de parvenir dans la tuyauterie de ma maison. Il faut être vraiment stupide pour croire leurs dires du moment que quasiment toute la cité est privée d’eau durant toute cette période ! », s’est exclamé nerveusement Amar, fonctionnaire à Tizi-Ouzou. Il faut dire que la gestion de l’eau dans une ville en constante extension urbaine n’est pas une chose facile, il n’en demeure pas moins que les projections établies par le passé ont fait défaut. Il y a aussi ces centaines de millions partis en fumée dans la réalisation d’une deuxième bâche à eau, d’une capacité considérable devant alimenter le chef-lieu communal. Un projet resté inexploité en raison de la qualité médiocre des conduits utilisés pour alimenter cette bâche. Ce qui a causé par la suite, des fissures dans le nouveau réservoir qui n’a jamais été alimenté en liquide. Ledit projet, réalisé vers la fin des années 80, est, pour ainsi dire, entaché de doutes notamment autour de l’acquisition des conduits censés être neufs. Ces derniers, dit-on, ont été » détournés d’une autre commune en échange d’autres conduits qui se sont avérés défectueux aux premières heures de leur mise en service ».
M.A.T