Quelles lectures ?

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El Kseur, paisible bourgade à une vingtaine de kilomètres du chef-lieu de wilaya de Béjaïa, s’est réveillée avec l’image sanglante de l’attentat perpétré par les fous de Dieu, en plein jour avant-hier, et qui s’est soldé par la mort de trois personnes, deux policiers et un commerçant. La nuit n’a pas porté conseil et n’a pas réussi apparemment à effacer des consciences l’horreur vécue la journée précédente.Deux faits, au moins, retiennent l’attention : le premier se rapporte au caractère de “première en Basse Kabylie”, les barbus préfèrent les lâches embuscades dans les maquis boisés d’Akfadou et/ou les faux barrages. Ensuite, le fait que l’acte se soit déroulé à seulement quelques encablures de la fin du délai de grâce dans le cadre de la Charte pour la paix et la réconciliation nationale laisse quelque peu perplexe, tout en mettant sur la sellette les apôtres de la prorogation des délais…La lecture que l’observateur le plus averti peut en faire ne peut qu’emprunter des configurations ou supputations, conjectures, rappels événementiels s’entrecroisent, s’entremêlent dans un écheveau parfois inextricable pour finalement n’aboutir qu’à des explications à coup sûr tronquées car la nébuleuse nihilo-islamiste, loin d’être ce corps soudé, avec unicité de pensée, d’action, de commandement, ressemble plus à des bandes puissamment armées certes, mais jouissant d’une grande indépendance et ne partageant que de vagues connaissances coraniques… Ainsi, à El Kseur en quelques années deux attaques à main armée ont ciblé deux stations-services, une banque, la BDL, un marchand de portables… A ce jour, personne n’est en mesure de mettre un doigt sur les auteurs. Cette fois-ci pourtant, l’attentat semble porter une signature car tenant de la tactique chère à l’étudiant borgne “El Sabbah”, l’assassin des assassins : “Porter les coups en plein jour de manière à frapper les esprits”. Il y a comme une volonté d’affirmer aux yeux du monde un “jusqu’auboutisme” suicidaire peut-être, mais qui frappe les esprits, un refus de tout dialogue avec en filigrane un zeste de défi à l’endroit d’un pouvoir dont le délai fixé pour le dépôt des armes arrive à expiration. Il est vrai que certains souhaitent une prorogation des délais et ne se sont pas empêchés de l’exprimer. Une prolongation qui de toute façon ne peut qu’être profitable aux derniers carrés de récalcitrants qui aurait ainsi tout le loisir de se ressourcer, de se refaire une santé, de renflouer leurs caisses, de recruter. Comme d’habitude. D’autres avancent la thèse de la diversion pour desserrer quelque peu l’étau qui doucement, mais à la manière d’un rouleau compresseur, prend en tenailles les squatteurs d’Allah du sinistre GSPC en Haute Kabylie. Quoi qu’il en soit, il y a eu mort d’hommes. Ce défi ne doit pas rester impuni. Et la Kabylie, comme le reste du pays, n’aura de cesse qu’une fois la bête immonde achevée.

M. R.

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