La Dépêche de Kabylie : Où en êtes-vous dans la création artistique après un long silence que d’aucuns trouvent anormal ?Tayeb Ikouvach : Commençons d’abord par ce « long silence » qui met mal à l’aise certains. Il est à la fois volontaire et involontaire. Beaucoup de choses peuvent expliquer ceci. J’avais besoin d’un peu de recul pour mieux appréhender et mûrir certaines choses, j’avais senti l’impérieuse nécessité de faire un bilan de ma carrière artistique et ensuite et surtout lorsque l’on a rien de sérieux à dire, je ne pense pas qu’il soit nécessaire de le faire savoir, ce qui est malheureusement le cas de beaucoup de personnes. Pour ce qui est de la création artistique, je suis sur le point de finir l’enregistrement d’un nouvel album.
Est-il curieux de vous demander de nous parler un peu des sujets traités ?Pas du tout ! Dans ce nouvel album, il est beaucoup question de la condition féminine et naturellement une bonne partie des textes porte sur l’inconscience, la schizophrénie et le coma dans lequel nous sommes plongés depuis des siècles. On va dire pour faire court, que ce sont des sujets de société, dont une grande partie sera consacrée à la radio algérienne comme à l’accoutumée.
La censure a pourtant grandement diminué n’est-ce pas ?Pour les autres peut-être, mais pas pour moi.Y a-t-il des raisons qui fassent que certaines de vos chansons soient interdites de diffusion radiophonique ?Je suis un rebelle qui refuse d’être mis entre parenthèse. Je suis de ceux qui disent non, qui refusent énergiquement d’être moulé. Donc, on me censure. Il ne faut pas perdre de vue que ce phénomène existe aussi dans les grandes démocraties. Regardez Ferrat en France, il est presque interdit d’antenne, M’bala M’bala… et bien d’autres.
Vous n’allez pas par quatre chemins ?J’ai peur de m’y perdre…
Où en êtes-vous avec votre projet de livre et de film documentaire sur Matoub Lounes ?Après mûre réflexion, j’ai décidé d’ajourner la sortie du livre et du documentaire tout simplement parce qu’une partie de l’entourage de Matoub m’ont brisé psychologiquement. Toujours est-il qu’il n’est jamais trop tard de mal faire (rires). Le livre et le documentaire seront rendus publics et advienne que pourra.
Le mot de la fin…Ceux qui disent que j’ai arrêté la chanson et toutes mes activités culturelles peuvent être rassurés. Je continue à écrire, même si je ne le fais pas à une cadence infernale. Comme je ne suis pas adepte de la « chanson-alimentaire », il est évident que je prends tout le temps nécessaire pour peaufiner un texte ou une chanson complète. La chanson, la poésie, le théâtre ne m’ont jamais nourri, pour cette raison je ne me précipite pas dans ce que j’entreprends.
Propos recueillis par B. B.
