Le coup de grâce

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C’est aujourd’hui que les établissements scolaires chamarrés à coups de pinceaux et… de balais, vont recevoir les centaines d’élèves qui reviennent du challenge de l’oisiveté vécu durant tout l’été. C’est la rentrée scolaire et les rues vont s’orner à nouveau de cartables et de tabliers dans un climat de liesse qui ne manquera pas d’émerveiller les élèves qui retrouveront, encore une fois, l’odeur embaumant leurs petits matins d’écoliers. Cependant, si d’un côté ce jour peut paraître à certains parents d’élèves comme un soulagement, pour d’autres c’est le coup de grâce sans égal.En effet, et au cours d’une virée que nous avons effectué jeudi dernier, au marché de Tazmalt à l’ouest de la wilaya de Béjaïa, nous avons pu vérifier l’ampleur des dépenses générées par cette rentrée. Un petit tour dans les espaces réservés aux vêtements comme d’ailleurs dans ceux des fournitures scolaires donne vraiment le tournis, surtout si on a plus de deux gosses à envoyer à l’école. Les prix flambent comme par enchantement et les citoyens aux maigres bourses ont recours aux produits taïwan qui inondent les lieux pour la circonstance. Un parent, enseignant de son état, rencontré sur place nous dira “On sait qu’il n’y a que la mauvaise qualité qui se vend à des prix abordables, mais que faire ?” Pour ajouter “j’ai quatre enfants scolarisés, et comme notre maigre salaire n’arrive pas à couvrir tous les frais, je suis obligé d’avoir recours à d’autres moyens pour financer cette rentrée. Le comble c’est que la Tutelle a jugé utile de nous accorder une prime de 2000 DA pour la rentrée mais qui ne couvre même pas une petite partie des dépenses”. En effet, les prix unitaires pratiqués renseignent amplement sur la situation à laquelle est confronté un simple fonctionnaire en ce début de saison. Pas de pantalon à moins de 800 DA, pas une chemise à moins de 400 DA, quant à la chaussure, la plus mauvaise qualité se négocie à pas moins de 1000 DA. Cela sans oublier le tablier, le cartable, les effets et autres manuels scolaires. Pour les cahiers, crayons, stylos et cartables, on débourse au moins 1400 à 1500 DA par tête brune. En tout cas, c’est un minimum de 4000 à 5000 DA par enfant qu’il faut, pour assurer une rentrée décente à sa progéniture. Cela sans oublier les manuels scolaires qui viendront, dans quelques jours, alourdir ces dépenses déjà faramineuses. Ainsi, plus d’un parmi ceux que nous avons interrogé à propos de la rentrée ne nous ont pas caché leur appréhension mais surtout le fait de se voir saignés à blanc sans pouvoir satisfaire la demande de leurs enfants. C’est le cas d’un citoyen de M’chedallah, employé municipal de son état, qui nous dira “j’ai trois enfants scolarisés, dont deux au lycée, et vu mon salaire de 10 000 DA… dites-moi comment je saurais les satisfaire. Je me suis limité au strict minimum. C’est vraiment triste comme réalité, mais que peut-on faire ?”En somme, la question demeure posée sur le pouvoir d’achat du simple citoyen, qui continue à subir tous les aléas du dénuement et par là, comment s’attendre à de bons résultats de la part d’un élève, qui sent que ses études sont un lourd fardeau pour ses parents. Aux responsables de ce pays de méditer sur les solutions à apporter car c’est à eux qu’incombe la lourde responsabilité de l’avenir de la nation, qui ne saurait se faire sans les cadres de demain.

Lyazid Khaber

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