Site icon La Dépêche de Kabylie

Jeux et enjeux d’un investissement

Si dans un passé bien récent, les enfants de la daïra des Ouadhias en général, ceux de la commune d’Agouni Gueghrane en particulier, criaient victoire de voir l’un des fleurons de l’économie algérienne, CEVITAL en l’occurrence, cette entreprise qui survole le haut d’un marché algérien où la concurrence féroce entre les éléments qui y interviennent est plus que jamais à son summum. Ce sentiment de satisfaction trouve ses racines dans la décadence qui a anéanti complètement l’activité économique dans la localité qui, jadis, était un symbole pour l’assise industrielle qui y était une particularité. C’est une réalité d’une ville plutôt d’une daïra qui continue de vivre (survivre) des seules subventions étatiques, des sommes que d’aucuns jugent comme dérisoires au vu du retard effarant qu’accusent les Ouadhias en matière de développement local, même le privé paraît prendre conscience de cela, il se fait à présent désirer au moment où les collectivités sont dans le besoin.La chute de l’investissement aux Iwadhiyen a eu des conséquences désastreuses particulièrement sur la masse ouvrière qui a subi de plein fouet la crise du chômage imposé par la fermeture des entreprises à l’image de la Cometal, le repli de l’investissement découle à la fois du déclin de l’économie publique mais également de l’atmosphère qui règne dans une région réputée pour son instabilité politique qui fait que le privé est vite dissuadé d’investir dans un contexte qui ne lui assure pas la rentabilité à moyen et à long terme.C’est justement cet état de fait que le patron du géant de l’agroalimentaire en Algérie, voulait contourner à travers le rachat de l’entreprise l’unité “eau minérale” Lalla Khedija, filiale de l’ex-ETK (Entreprise touristique de Kabylie) un investissement qui a son importance, il n’y a qu’à voir le montant de rachat de cette unité par CEVITAL pour s’apercevoir de cette réalité. En effet, CEVITAL avait racheté l’unité, située sur les collines de la commune d’Agouni Gueglouane, pour la coquette somme de 394 millions de dinars et si au départ un investissement initial de 250 millions de dinars a été programmé, CEVITAL est au stade actuel des travaux à quelque 780 millions de dinars d’investissement semble sûr, c’est dire que Cevital semble mettre le paquet pour mener à bon port la relance de cette unité de production vitale par la région.

“Faire d’Agouni Gueghrane une commune riche et prospère” Le directeur de l’Emag Lalla Khedija, Salah Boumali, qui nous a reçus dans son bureau, paraissait optimiste par rapport à l’état d’avancement du projet. Lui qui est originaire d’Agouni Gueghrane, s’est dit “outré par la campagne orchestrée par certains qui visent à semer la confusion”. “Ce qui est sûr, c’est que la population de la région est dans sa majorité avec le retour au travail dans notre région, son soutien à CEVITAL se fait sentir profondément car elle a un grand espoir de voir la localité sortir du marasme. Les travaux ont atteint les 90%, il y a actuellement 500 travailleurs sur site et nous comptons créer quelque 1200 autres emplois indirects, c’est vous dire l’immensité de l’investissement de M. Rebrab dans notre commune qui a été choisie parmi tant d’autres”, déclara de prime abord, le chef de projet en question.Il faut dire que la dynamique créée jusque-là, a eu pour effet immédiat la multiplication des dépôts de candidatures pour une place au soleil, M. Boumali nous fera savoir “que pas moins de 300 demandes adressées par des universitaires, ont été enregistrées par nos services, des tests de sélection seront bientôt tenus, seule la compétence…”. Par ailleurs, la commune d’Agouni Gueghrane, considérée comme l’une des plus pauvres communes de la wilaya, pourra après la concrétisation effective du projet, engendrer des bénéfices inestimables du fait des charges fiscales et autres impôts qu’encaissera la collectivité communale. M. Boumali appuie ses dires par la présentation des prévisions chiffrées. “Pour un mandat communal, l’APC de Agouni Gueghrane pourra recevoir quelque 30 milliards de dinars, de quoi construire un lycée de 18 milliards, 5 terrains de foot estimés à 2 milliards, un réseau d’assainissement de 20 km, 20 salles de classe, 30 km de routes, 6 salles de soins dans les villages ainsi que 5 maisons de jeunes”. Ceci sans omettre de signaler “les 20 milliards de salaires et autres charges injectées”, ajoute le même responsable. Cependant, s’il est une réalité incontestable que celle de la rentabilité pour la région, il existe tout de même des contraintes qui entravent l’avancement des travaux.

“Six (06) mois de retard sur la date prévue pour le lancement des travaux”“Qu’est-ce qui peut freiner un investissement d’une telle envergure ?”, Eh bien, selon le directeur de l’Emag Lalla Khedidja, le projet bute sur l’opposition de quelques propriétaires de parcelles de terrain qui seront touchés par l’ouverture de la route (greffage sur l’axe CWAA) du premier tronçon (2,5 km) allant de Tizi N’serghi à Tikentarth El Kadhi dans la commune d’Agouni Gueghrane. Les citoyens en question, exigent en effet de l’entreprise d’Issad Rebrab, des indemnisations conséquentes “aux prix réels actuels du foncier”, selon l’un d’eux. Les “opposants” ont au cours de la semaine passée, signé une déclaration au nom du comité du village d’Agouni Gueghrane dans laquelle ils fustigeaient particulièrement le chef de projet natif de la région ; celui-là “refuse d’honorer ses promesses envers la population”. Il faut dire que Cevital avait proposé des indemnités de l’ordre de 50 millions au total, les citoyens concernés par l’indemnisation ont fini par se rétracter et refusent ainsi l’offre de M. Rabrab ; c’est à partir de la qu’un véritable bras de fer a vu le jour, le comité d’Agouni Gueghrane d’un côté, CEVITAL de l’autre.

“Seule la justice…”En raison des difficultés que présentait le site de l’usine, ‘les deux ateliers que compte l’unité totalisent 4 000 m2), l’exiguïté du terrain, son enclavement de par le relief accidenté et des maisons d’habitation implantées tout autour de l’unité, excluent toute possibilité d’extension sur les mêmes lieux, ce qui a mené le patron de Cevital à décider de localiser l’unité sur une distance de 1 à 2 km du site, et c’est justement-là que réside toute l’importance accordée à la déviation de la route. En effet, la réalisation de 3 km de route permettra aux camions de gros tonnages (semi-remorques) d’accéder à l’unité. Cette route permettra aussi le désenclavement de la plaine et l’exploitation des terrains dont la superficie avoisine les 500 hectares. Ceci dit, toute la procédure légale pour l’ouverture dudit tronçon a été, selon des documents en notre possession, respectés. CEVITAL a été, à cet effet, autorisée de l’ouvrir (le tronçon) par un arrêté signé par l’ex-administrateur communal d’Agouni Gueghrane (signé le 13 juin 2005), M. Boumali déclare dans ce sillage : “Nous sommes prêts à honorer les engagements d’aide aux riverains pour lesquels nous avons déjà signé des engagements. Nous sommes dans une démarche de concertation et de dialogue avec la population et ses représentants. Nous avons invité les citoyens concernés pour la réévaluation de l’indemnité (PV de l’huissier de justice à l’appui). Pourvu qu’ils nous laissent travailler”. Pour renforcer son argumentation, M. Boumala exhiba même une copie de billet d’avion payé aux frais de Cevital pour un riverain invité à renégocier le montant de l’indemnisation. Cependant, le point du non-retour qu’a atteint le bras de fer a fait que Cevital prenne attache avec le procureur de la République de Draâ El Mizan, suite à quoi, une délégation est constituée des membres des comités de villages Tafsa, Boumad, Azounène, Aït Elgane, Aït Ighil, Aït El Kaïd ainsi qu’un comité de sages d’Agouni Gueghrane ; selon un PV dressé par le chef de projet, la décision finale du procureur est “la reprise des travaux pour CEVITAL et poursuites judiciaires contre tout opposant (riverains entre autres), les riverains désireux d’être indemnisés doivent introduire un dossier auprès de la chambre administrative auprès de la Cour de Tizi Ouzou”. Par conséquent, l’ETRHB a été saisie pour relancer les travaux “et ça ne saurait tarder”, dira M. Boumali. A une question sur la motivation du groupe “opposant”, le chef de l’unité de l’EMAG Lalla Khedidja, déclare : “Ce sont quelques personnes, des chasseurs de sangliers qui veulent profiter d’une situation, je leur dis que Cevital n’est pas une vache à traire, c’est la population qu’ils prennent en otage”, M. Boumali veut pour preuve les quatre milliards de dinars de perte cash pour la commune en raison du retard accumulé jusque-là. Le responsable local de CEVITAL précise que les pertes avoisinent les 6 à 8 milliards de DA pour le Trésor et 15 millions de dinars pour CEVITAL.Il faut signaler enfin que Cevital produira, outre l’eau minérale plate, l’eau minérale gazeuse et des eaux fruitées avec une capacité de production avoisinant les trois (3) millions/jour, le lancement de la production est prévu pour la deuxième quinzaine du mois de novembre.

A. Z.

Quitter la version mobile