“Moi j’ai fait mon choix, et vous ?”. Non, vous n’y êtes pas. Il ne s’agit pas d’un slogan de réclame échappé aux entractes des chaînes étrangères. Il ne s’agit pas non plus de battage d’une campagne électorale comme l’interrogation pourrait le suggérer. “Moi j’ai fait mon choix, et vous ?” est le nom d’un minibus assurant la ligne M’chedallah – Bouira. Si “moi” renvoie au bus, le “vous” ne peut désigner que le voyageur qui déjà a pris un autre… bus. “J’arrive Inchallah” est un autre bus qui se veut rassurant. Seulement, le voyageur que le minibus veut rassurer retient uniquement le “Inchallah” qui, réellement, souligne l’incertitude d’arriver à bon port. Dès lors, le voyageur se rebiffe. “Zhir di tikli” est encore un autre minibus qui, intelligemment, rend hommage à Matoub en reprenant un de ses tubes. “El baz de la Soummam”, “L’hirondelle”, “L’éclair”, “le Requin Blanc”, Liberty”, “El Khouloud”, “Azru Yetbir”, “Tirana”, “Lehna”, “L’étoile filante”, l’Etalon noir”, “Le célèbre”… et la liste des noms attribuée aux bus et autres fourgons est encore longue. Beaucoup de ces bus portent mal leurs baptèmes à titre d’exemple, nous retenons “L’éclair” qui en fait, devrait s’appeler “L’escargot”, ou à la limite, “La teuf-teuf”, tellement il progresse à roues d’escargot. le Requin blanc est aussi une inspiration pas trop intelligente, puisque la localité que le bus dessert connaît à peine la sardine pour l’avoir trouve au marché lors du tremblement de terre. Le plus décalé des baptèmes est “le Trans-Texas”. Ce fourgon qui, il faut le reconnaître a quelque chose des diligences du Far west (peut-être le bruit qu’il fait (en roulant), assure la ligne Bouira – Aït Laâziz. C’est-à-dire à peine 10 km. Et si le fourgon poussait jusqu’à 100 km ? Spoutnik ? Mais le plus “mal inspire” des bus est “Da Lmouloud”. Le propriétaire du bus a-t-il conscience de l’envergure universelle de Mouloud Mammeri ? Sans doute pas. Sinon, il n’oserait jamais confiner Monsieur Mammeri dans un bus. Le silence de tous contribue au repos de chacun”. Ceci n’est pas le nom d’un bus. C’est un écriteau qui invite les voyageurs à… “se taire”. Mais le premier à faire du bruit après le postes radio, c’est le chauffeur himself. “Défense de parler au conducteur” est une autre invitation reproduite dans plusieurs langues invitant la client à ne pas s’adresser au chauffeur qui continue à… parler…
T. Ould Amar
