Bouira découpée en deux ?

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Les nouvelles provenant du ministère de l’Intérieur tiennent en haleine population et collectivités locales dans la wilaya de Bouira. Selon les normes démographiques énoncés par Yazid Zerhouni et qui serviraient de critère fondamental dans la prochaine répartition administrative du territoire, la wilaya de Bouira semble remplir les conditions pour donner naissance à une autre wilaya. En effet, à la fin 2004, les statistiques officielles des services de la wilaya établissent le chiffre de 708 519 habitants pour l’ensemble des 12 daïras. Actuellement, ce chiffre se trouve nécessairement dépassé et la population de la wilaya dépasserait les 800 000 habitants.Le débat relatif à l’opportunité et à l’équité de la division administrative au niveau de la wilaya de Bouira est aussi vieux que le statut de wilaya dont bénéficie Bouira depuis 1974. En effet, ce sont d’anciens territoires des wilayas de Grande Kabylie (Tizi Ouzou) et du Titteri (Médéa) qui allaient former l’actuel territoire de la wilaya de Bouira étendu sur 4 454 km2. M’chedallah, Bechloul, Haïzer, El Kadiria, Lakhdaria et Bouira faisaient partie du département de Tizi Ouzou, tandis que Aïn Bessem, Sour El Ghozlane, El Hachimia et Bordj Okhriss relevaient du Titteri. Lorsque l’ordonnance n°74/69 du 2 juillet 1974 était mise en application, elle n’avait pas fait que des heureux. Le rassemblement d’un territoire montagneux, kabylophone et relevant de l’historique wilaya III de la Révolution et des espaces steppiques, arabophones qui dépendaient de l’ancienne wilaya IV n’était basé sur aucun souci d’harmonie sociale ou de schéma équilibré d’aménagement du territoire. C’est pourquoi, les affinités humaines et les flux commerciaux ne s’embarrassent pas trop des limites administratives. Pire, des frustrations à peine contenues ressurgissent cycliquement dans certaines zones pour réclamer un statut de wilaya pour certains chefs-lieux de daïra.Cela est particulièrement le cas pour la ville de Sour El Ghozlane dont les habitants attendent ce statut depuis… 1974 ! Relevant avant cette date du département du Titteri, Sour El Ghozlane — une ville d’environ 40 000 habitants et située aux portes des Hauts-Plateaux — s’estime investir du “destin” de wilaya. Mais, à chaque fois que cet espoir commence à prendre de la consistance, une rumeur jouant le “croque-mitaine” vient l’assombrir : il s’agit de la volonté affichée depuis longtemps par les habitants de Bousaâda (wilaya de M’sila) de faire de leur ville un chef-lieu de wilaya et qui pourrait “absorber” Sour El Ghozlane distance de 120 km.Le côté Est de la wilaya a toujours rêvé d’appartenir à une future wilaya de la moyenne Soummam qui aurait pour chef-lieu Akbou. La région de M’chedallah, située à 40 km à l’est de Bouira, entretient en effet des relations privilégiées sur les plans humain et commercial avec le sud-ouest de la wilaya de Béjaïa.Entre les nécessités d’une division administrative basée sur la rationalité de l’aménagement du territoire et la bonne gouvernance locale, et les réalités complexes nourries par la culture et la sociologie, le débat ne semble pas tranché.

Amar Naït Messaoud

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