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Exposition à Athènes sur le pillage d’antiquités et ses dommages

« Un exemple: sur environ 1.600 statues de l’époque Cycladique (3200-2000 avant JC) répertoriées dans le monde, seules 143 ont fait l’objet d’excavations légales. Les autres ont été retirées de terre dans des conditions inconnues. Résultat, on sait très peu de choses sur cette civilisation », raconte à l’AFP Yuri Averov, l’un des responsables de l’exposition. Le fait que les oeuvres volées finissent souvent après de longs périples par être exposées dans des musées officiels ne change pas grand chose à l’affaire. »Un objet antique isolé peut avoir une valeur marchande et esthétique mais il a très peu de valeur historique. Ce qui est important c’est le contexte de sa découverte: où, dans quelles dispositions, quelle profondeur, à côté de quel autre objet. Les pilleurs eux s’en fichent, ils sortent l’oeuvre pour la vendre et détruisent tout sur leur passage », poursuit Yuri Averov.En forme de parcours didactique composé de textes, photos et films réalisés avec la contribution d’une centaine d’archéologue et chercheurs à travers le monde, l’exposition, montrée au Nouveau musée Benaki, retrace l’histoire du pillage, ses techniques, les moyens utilisés pour revendre les oeuvres, souvent avec la complicité des grandes maisons de vente aux enchères. »Entre 85 et 90% des antiquités vendues sur le marché de New York n’ont pas d’histoire connue. Entre 1998 et aujourd’hui, le montant des échanges sur ces oeuvres a représenté environ 100 millions de dollars », rapporte à l’AFP David Gill, professeur à l’université de Wales (pays de Galles). Et l’ingéniosité des vendeurs pour dissimuler l’origine d’une oeuvre est sans fin. « Nous avons l’exemple d’un vase antique grec vendu par morceaux à un grand musée américain. Il avait été en fait cassé exprès, pour étaler sa vente dans le temps et l’espace – les morceaux avaient été distribués à différents revendeurs – et ainsi ne pas éveiller les soupçons », poursuit David Gill.Des premières grandes campagnes de vol du 18ème siècle au pillage du musée de Bagdad en 2003, en passant par le trafic de statues au Cambodge ou la restitution récentes par le musée Getty de Los Angeles d’oeuvres volées à l’Italie et la Grèce, l’exposition montre aussi la constance du phénomène, et son ampleur. « Contrairement à une idée reçue, le pillage d’antiquités continue d’augmenter dans beaucoup de régions, comme en Amérique centrale, en Egypte et en Asie, et reste très fort en Europe, comme en Grèce. Car la demande d’oeuvres anciennes reste élevée alors que leur source initiale, les grandes collections privées, s’est tarie avec le temps », témoigne Yuri Averov. Modeste par sa taille mais riche dans son propos, l’exposition, visible à Athènes jusqu’au 22 octobre après avoir été présentée à Nicosie, doit ensuite voyager à Corinthe et Némée (ouest de la Grèce). Ses initiateurs cherchent à la promouvoir ensuite dans d’autres musées du monde.

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