Itinéraire d’un sidérurgiste esthète

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l Le musée Singer de Laren, non loin d’Amsterdam, fête ses 50 ans en racontant l’oeuvre de collectionneur et surtout la vie de William Singer, héritier d’un sidérurgiste américain qui parcouru l’Europe avec son épouse à la recherche de la nature la plus sauvage.Plus de 3.000 peintures, dessins ou sculptures amassées par William et Anna Singer entre 1900 et 1940 sont présentés dans leur maison de Laren, une ancienne colonie d’artistes. L’exposition Loving Art dure jusqu’au 7 janvier, avant de faire le voyage des Etats-Unis.Fils d’un gros producteur d’acier de Pittsburgh (nord-est des Etats-Unis), William Singer (1886-1943) avait hérité d’une fortune qui lui permis de consacrer sa vie à sa peinture, une carrière… modérément couronnée de succès.Son enfance et son adolescence non loin des hauts fourneaux, dans ce qui était alors un des plus grands centres industriels américains, lui font rechercher avec avidité la nature, et il devient peintre paysager.Après son mariage avec Anna, dont il n’eu pas d’enfant, William décide de se consacrer totalement à l’art, et mène une vie de bohème luxueuse entre les Etats-Unis et l’Europe.Laren fut leur premier point de chute en Europe, car William aimait l’intimité et la caractère un peu sombre des scènes d’intérieurs peintes par les maîtres néerlandais comme Anton Mauve et Jacob Maris plus que les toiles colorées des impressionnistes français du moment, raconte son biographe, Helen Schretlen.Mais finalement le pays était trop plat et trop domestiqué, et c’est en Norvège que le couple s’installe au bout d’un an, pour peindre à longueur de toiles les rudes paysages nordiques.William et Anna Singer y vivent dans de vastes demeures, entourés d’amis artistes dont ils sont souvent les mécènes. »William était avant tout un artiste, mais comme il était fortuné il pouvait aussi collectionner. Il achetait surtout auprès d’artistes de ses amis, et de marchands ayant pignon sur rue », explique Mme Schretlen à l’AFP.Témoignage d’une vie fascinante, « Loving Art » n’a en revanche pas de pièce majeure. William et Anna Singer aimaient certes la peinture, et avaient les moyens de leur passion, mais on cherchera en vain dans leur collection ce qui est, aujourd’hui, considéré comme les chefs d’oeuvre de l’époque. »Singer ne voulait pas posséder de peinture d’impressionnistes français, il disait craindre que cela n’influence son travail », selon Mme Schretlen.On y trouve en revanche nombre de toiles de l’impressionniste américain Richard Miller, et quelques portraits délicieux, mais aussi des sucreries comme Le Bain, du Français Gaston la Touche.C’est la première fois qu’autant de pièces réunies par les Singer sont rassemblées, provenant de Laren, de Norvège, et du Washington County Museum of Fine Arts qu’Anna a fondé dans sa ville natale de Hagerstown (nord-ouest), et où Loving Art sera présentée en 2007.

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