Un nouveau souffle

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Considérée comme le parent pauvre de l’art, la poésie subit les affres de l’isolement et la non-considération au même titre que ses pairs, à l’instar de la chanson, pour ne citer que celle-ci. Cependant, il n’est un secret pour personne, le fait que cet art qui a fait connaître Si Moh, peut tenir tête à la chanson et au théâtre par exemple, car ces deux arts ne peuvent exister sans la poésie. Et tant de poètes tels Ahmed Lahlou, Amsedrar, Boudjemaâ, Refas, Rahmane Mourad et tant d’autres en sont conscients, cet art survivra et tiendra bon.A l’issue de la quatrième édition des journées de poésie Si Moh u M’hand et Youcef ou Kaci, Boudjemaâ Refes, cité plus haut, s’est adjugé la deuxième marche du podium, en sachant captiver le public et les membres du jury.Etant à ses débuts chanteur, Boudjemaâ a, à plusieurs reprises passé chez Medjahed Hamid, dont les encouragements ainsi que ceux de ses admirateurs lui ont donné des ailes et de la volonté de ne pas s’arrêter en si bon chemin. en 1995, dit-il, on lui avait proposé d’enregistrer à la radio avec l’entremise de la bonne appréciation de l’animateur des “Ighennayen Uzekka” (Les chanteurs de demain). Mais, cela n’a pas été comme prévu à cause de quelques désagréments qui ne l’ont, par contre, pas découragé, mais l’ont poussé à écrire pour les autres chanteurs, mais aussi pour lui-même, à lire comme poèmes seulement. Ce natif de Aït Abdelmoumène, dans la daïra de Ouadhias, a su gravir les échelons et ne rougir devant personne. Plutôt, il a su forger son écoute pour puiser dans le beau et le solide des autres, pour lui servir de base. Ainsi, il va tel un papillon d’un festival à l’autre et ne laisse jamais insensible son public. Il se permet le troisième prix lors de la 3e édition des mêmes journées de poésie en 2005 ; 6e prix en 2004 ; 5e prix à Akbou en 2006 ; 4e place à Boumerdès la même année. Mais au-delà du classement, dans certaines manifestations, l’appréciation du public en est pour beaucoup dans l’encouragement du poète à ne pas baisser les bras.Abordant le niveau de la poésie kabyle en général et lors de la dernière rencontre en particulier, notre poète nous confie qu’il est élevé à 70% et les participants ont apporté un nouveau souffle en se donnant à fond. Il ajoute que le fait d’être sacré lauréat du deuxième prix est une grande responsabilité dans la mesure où il n’est pas considéré le premier, donc il doit redoubler d’efforts pour l’être. En d’autres termes, sa tâche est ardue puisqu’il est contrant à faire mieux la prochaine fois. Les projets de Boudjemaâ par ailleurs, nous montrent à quel point il tient à son art et à sa diffusion, car l’art ne doit pas se tenir comme secret, puisque l’artiste n’appartient pas à lui tout seul étant une vitrine de la société, mais aussi ses cordes vocales qui résonnent au moindre souffle des siens et de leur entourage. Boudjemaâ, en être sensible, semble partager l’avis de l’illustre Gandhi qui disait : “L’artiste doit aimer la vie et doit nous la faire aimer ; sans lui nous en douterions”. Dans cette optique, le poète nous fait partager ses joies et ses peines dans l’un des 15 poèmes avec fonds musicaux de ses deux fans et amis Lani Rabah et Brahim Tayeb qui excellent respectivement au mandole et au luth.Le CD qui verra ces deux grands chanteurs jumelés, est pour bientôt, ajoute-t-il. Hormis la poésie, Boudjemaâ est animateur de galas par ci et par là, avec des chanteurs célèbres, et a participé avec les associations Wihin de Bouhinoun, Cheikh El Hasnaoui et Tafat dans l’hommage rendu à l’auteur de la célèbre “Ad chekragh tiqbayliyin”. Cependant, “l’ingratitude, dit-il, de certains pèse tel un fardeau sur lui et son savoir-faire”.Revenant au dernier festival, le poète déclare qu’il est satisfait du résultat et que le jury a fait son travail en toute âme et conscience. Il tient à rendre hommage aux deux associations organisatrices Youcef Ou Kaci et Si Moh Ou M’hand en l’occurrence, et leurs présidents Abdellah Arkoub et Ould Ali Lhadi ainsi qu’aux encadreurs, particulièrement Smaïl Amiar. Le choix d’Azeffoun, estime-t-il, est bon pour joindre l’utile à l’agréable et souhaite qu’il sera organisé à la montagne la prochaine édition. Et pourquoi pas dans les régions de Boghni et Ouadhias qui ont enfanté les Khaled Souiher, Hami Saïd, Segueni Jugurtha, Yahiaoui Ahmed, Attab Saïd entre autres, pour leur renvoyer l’ascenseur. Il tient à remercier Med Serkasti et Silem Kahin pour leur talent. Mazal lkhir ar zdat, et il remercie La Dépêche de Kabylie.

Salem Amrane

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