Ahmed Ouyahia, changement de positions et continuité de ligne

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A l’intérieur ou à l’extérieur du gouvernement, Ahmed Ouyahia garde la même ligne droite : soutien et fidélité au président de la République.Lors d’une conférence de presse animée hier à l’issue des travaux du conseil national de son parti, le secrétaire général du RND n’a pas donné l’impression d’un homme changé par les circonstances. Au contraire, il a justifié ses changements de positions avec un sang froid exemplaire.Ainsi, lorsqu’on lui demande de s’exprimer sur les déclarations, plutôt surprenantes de Rabah Kébir, un des dirigeants du parti dissous rentré d’Allemagne après un exil de près de quinze ans et qui réclame son droit à l’activité politique, Ahmed Ouyahia préfère positiver les choses. « Ce que je retiens de ses déclarations, c’est le fait d’appeler ceux qui combattent encore contre leur pays de déposer les armes », a répondu d’emblée l’ancien chef du gouvernement qui reste intransigeant, par contre, sur l’aspect politique. Imperturbable jusqu’à l’excès, Ouyahia déclame toujours sa célèbre phrase : « Il n’y a pas de retour aux années 1990 ». Une réponse à peine voilée sur son opposition au retour à l’activité politique de Rabah Kébir et « ses semblables ». Le chef du RND ne cite pas de nom, mais préfère la troisième personne du singulier si ce n’est tout simplement pas de l’indéfini.Si le premier responsable du rassemblement national démocratique est précis sur une question « tranchée par la charte », le retour des responsables du Fis à la politique en l’occurrence, il l’est moins sur la prorogation des délais de la Charte. Tout en clamant qu’il ne peut y avoir « d’impunité éternelle », Ouyahia s’interroge si on doit « refuser » un individu ou un groupe qui « décidera de revenir dans la communauté nationale » dans quelques mois ou quelques semaines. Pour lui, l’équation est simple : le terrorisme n’est plus une menace pour l’Algérie qui a gagné sa bataille contre le fléau, mais « c’est un Etat qui a retrouvé ses forces » qui devient clément.Sur un autre registre, le membre de l’Alliance présidentielle semble trouver la parade pour justifier son choix de se rallier à ceux qui soutiennent une révision de la Constitution, lui qui s’y était opposé le mois de mars dernier. « Nous avions estimé que la révision de la Constitution n’était pas une priorité parce qu’elle était proposée par un parti politique. Mais dès que c’est le président de la République qui, le 04 juillet, a appelé à un référendum sur le sujet, nous avions dit oui », rétorque le chef du RND qui justifie sa position pour deux raisons : crédibilité et fidélité. « Crédibilité, parce que c’est le président de la République qui prend l’initiative et fidélité parce que nous avons soutenu Abdelaziz Bouteflika dans toutes ses initiatives dès le départ ».Sur le plan personnel, le responsable politique balaie d’un revers de main la polémique suscitée par sa déclaration de patrimoine. Tout en indiquant qu’il n’a fait qu’appliquer la loi « comme tout citoyen algérien », Ouyahia dit ne pas condamner la vox populi qui parle de « fausse déclaration », mais croit que ces rumeurs sont « véhiculées » par des « cercles ». De toute façon, conclut-il, « je suis un homme public et je dois, par conséquent, accepter toutes les critiques ».

Ali Boukhlef

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