La Dépêche de Kabylie : Pour commencer veuillez présenter votre société ? ll Alexo est une société par actions au capital de 180 000 000 de DA par une décision du conseil des participations de l’Etat, cette société, dans sa composition a constitué le premier partenariet public privé mis en place par le gouvernement dans le cadre du processus de privatisation des entreprises publiques. Son objet principal consiste à fabriquer du profilé d’aluminium. Cette matière est principalement importée dans notre pays à l’état fini pour une valeur de 27 millions de dollars/an. Les besoins du pays sont de plus en plus importants et cela se constate dans notre vie quotidienne et autour de nous dans notre environnement. La capacité de production d’Alexo est de 7000 tonnes/an contre un besoin de 15000t/an exprimé de façon formelle. Il y a lieu de noter donc que cela reste réellement insuffisant. Compte tenu des contraintes et embûches je doute avoir la capacité de me battre encore contre les éléphants de notre administration.
Avec un investissement de 12 millions de dollars, quand avez-vous décidé de vous lancer dans cette opération et comment avez-vous choisi Amizour ?ll Le programme économique mis en place par le président de la République a été le catalyseur principal dans ma prise de décision à contribuer à cette louable ambition nationale. Le gouvernement à l’époque m’y a encouragé par une résolution au CPE. C’est pour cette raison essentielle que nous attendons une protection paternelle du premier magistrat du pays contre les prédateurs de l’administration. Alexo a été implanté à Amizour sur le site d’une entreprise publique et non sur une assiette appartenant à la commune. Il s’agit d’un actif dormant de l’entité publique le groupe Somacob. La participation de ce groupe a été formalisée par un apport en nature constitué d’un site industriel existant depuis 1982 dans la zone industrielle d’Amizour. De plus, cette position géographique a conforté les autorités centrales dans leur décision en vue de contenir la souffrance des populations vivant dans des zones sinistrées, notamment celles touchées par les événements de Kabylie. Bien entendu nous considérons que seule une politique sérieuse d’investissement pourrait parvenir à stabiliser les populations et apporter une contribution effective, réelle et concrète à leur bien-être. Voici comment Amizour a bénéficié de ce projet d’envergure national et de plus stratégique. C’est également la seconde unité de production du genre en Afrique en terme de technologie et de respect de l’environnement. J’ajoute que je n’imaginais pas que cette commune sinistrée pouvait receler autant de compétences tant sur le plan technique qu’humain. Il est condamnable de ne pas donner de chance à cette jeunesse.
Donc à défaut d’un écho favorable, des réserves sont retenues contre votre projet par les autorités locales (APC) ?ll Le projet Alexo ne souffre d’aucune réserve recevable mais d’un complot organisé et fomenté par le premier responsable de la wilaya de Bejaia. Cette démarche est conduite en toute impunité malgré avoir fait la démonstration d’un dangereux jeu consistant à entretenir le pourrissement au mépris de l’application de dispositions réglementaires permettant de mettre un terme à ce charivari de façon claire. En fin de carrière le wali n’accepte pas d’être rappelé à l’ordre violemment. J’ai toutes les raisons de croire que des marionnettes ont étés utilisées pour faire obstruction au projet en passant un contrat de sous-traitance. Dommage pour ceux ou celles qui ont marché dans cette odieuse conspiration. Sinon où sont les autorités de cette wilaya chargées de résoudre un problème local et seulement local. Il ne peut y avoir de communication et de discussions lorsque vous avez toutes les portes fermées. Les responsables doivent être sanctionnés au même titre que ceux qui les couvrent à tous les niveaux.
Reconnaissez-vous avoir fait des faux pas, sinon quels sont vos moyens pour gagner cette bataille ?Mon premier faux pas fut d’abord d’avoir cru trop fort à une bonne mise en place du dispositif d’encouragement à l’investissement. J’ai aussi trop fait confiance au soutien du gouvernement. Il faut rappeler que le CPE est composé de six ministres, c’est donc un mini-gouvernement qui a eu à examiner cette question en la sanctionnant par une résolution favorable. Or, ce projet est un cas d’école. Il a connu les pires obstacles à tous les niveaux. Nous avons évité de justesse la démolition de l’unité le 25 octobre 2005 si ce n’était l’intervention urgente des autorités centrales. Là encore le wali de Bejaia doit s’expliquer. Nous avons néanmoins surmonté la plupart des contraintes et nous en sommes enfin, je l’espère à la fin du coucher. Que tous ceux qui pensaient que j’allais résoudre mes problèmes par des billets de banque se sont complètement trompés d’interlocuteur. L’Algérie se trouve à la 108e place du classement des pays touchés par la corruption, je ne compte point contribuer à élargir le fossé, voici déjà un moyen de gagner la bataille. Cependant il ne faut pas perdre de vue que l’Etat est composé d’institutions. Celles-ci régissent tous les domaines sans exception, dont je fais allusion à la justice. Je lui fais confiance et je demande par la même occasion à la population d’Amizour d’en faire autant. S’il y a eu un laissé-aller de l’administration, la justice est souveraine pour se prononcer et décider au nom du peuple. Y faire obstruction est un acte de rébellion. Le P/APC d’Amizour en a fait la démonstration en provoquant des attroupements illégaux sur la voie publique les 27 et 28 août derniers. Je conclue que seule la justice permettra de rétablir le droit et seulement le droit.
Franchement d’où est née la tension qui règne entre vous et le P/APC d’Amizour ?ll Cette question permettra de lever tout le quiproquo qui alimente les discussions de comptoir. J’’affirme n’avoir jamais vu ni rencontré ce P/APC. J’ai eu la courtoisie de lui adresser mes félicitations au lendemain de son élection. A cette époque, il avait affirmé toute sa disponibilité à conforter notre démarche jusqu’au revirement de situation inexpliquée et inexplicable. J’ai tenté d’ouvrir le débat lors d’une visite que j’ais effectué à la mairie, il a refusé de me recevoir en se dérobant. J’ai compris qu’il n’y avait plus de possibilité de dialogue, puis, pris dans un tourbillon de manipulation, il a tenté d’émettre un autre arrêté de démolition qui lui a été refusé cette fois-ci. Depuis il a redoublé de violence en usant de toutes les manœuvres d’obstruction à l’investissement d’un projet structurant et porteur d’espoir et de valeur ajoutée pour une commune sinistrée et saignée par des années d’émeutes aux conséquences gravissimes. Il commença par détruire au mépris des lois, tel un vandale, une conduite de gaz naturel destinée à alimenter Alexo et ce par deux fois. Enfin, il a fait appel à des engins, des véhicules et du personnel de la commune pour faire obstruction à une décision de justice en organisant une rébellion et un attroupement sur la voie publique. N’est, ce pas une honte pour celui qui a pour mission d’organiser le travail, la stabilité, la paix sociale et la sécurité publique à l’endroit de ceux qui l’ont élu.
On sait que vous avez saisi le premier responsable du RCD quant à l’opposition du P/APC issu de ce parti. Quelle est la position de Saïd Sadi?ll C‘est tout à fait juste. J’ai non seulement rencontré le président du RCD mais aussi son staff rapproché. Je les ai informé de la gravité de la situation qui déteint directement sur leur formation politique de façon indéniable. Tous ceux que j’ai approchés ont marqué leur désolation et leur stupéfaction mais dans le même temps rien n’a été fait pour rappeler à l’ordre leur élément. Nous assistons à un silence mystérieux. En effet toutes les démarches de rapprochement que j’ai entreprises ont été engagés dans un esprit d’apaisement et de sérénité. J’ai également souhaité user de diplomatie tous azimuts afin d’épuiser toutes les voies amiables avant de remettre l’affaire aux instances judiciaires. Hélas, la tournure des événements en a décidé autrement. Vous comprendrez désormais qu’il m’est interdit de reculer devant une résistante médiocrité. Mon rôle consiste à la combattre jusqu’au bout.On dit que la société Alexo est un bien de l’ex-chef du gouvernement, qu’en dites-vous ?ll Le chef du gouvernement sortant vient de rendre public récemment la situation de son patrimoine par communiqué de presse. Il faut reconnaître que l’ex-chef du gouvernement reste et demeure une personnalité nationale, c’est aussi un homme d’Etat comme il n’y en a pas beaucoup hélas, dans la composante humaine de nos hommes politiques. La rumeur est connue pour être un virus contagieux. Dans le cercle de l’administration et des institutions de l’Etat et surtout en politique, elle est utilisée comme arme de destruction massive pour atteindre un objectif donné, un homme ou uu groupe politique. L’auteur principal de cette inéptie ne fait aucun doute à mes yeux. Il laisse entendre qu’il aurait acquis la conviction que je suis une cerise sur le gâteau et que Alexo serait la propriété d’Ahmed Ouyahia. Je connais parfaitement les raisons de cette vilenie aux odeurs de lâcheté. En tout état de cause, il est naturellement, ouvertement et largement plus facile à un wali de faire « des affaires » pour son propre compte qu’un chef du gouvernement, c’est bien connu pour des raisons évidentes. C’est justement dans ce milieu qu’il y aurait lieu d’ouvrir des enquêtes à savoir sur le patrimoine des uns et des autres. Néanmoins tout ceci n’est que rumeur.
Que voulez-vous dire, à qui pensez vous ?ll Les metteurs en scène de cette rumeur se reconnaîtront d’eux-mêmes. Ne vous inquiétez pas et si je devais en répondre, cela me donnera l’occasion de prendre le peuple à témoin de ce que l’on observe tous les jours. Je regrette que le gouvernement actuel soit statique alors que sa composition n’a pas changé à part son chef. Une partie de cet immobilisme provient du fait que nous attendons d’avoir des solutions parfaites avant de commencer à agir. C’est à mon sens une posture stérile car du coup rien ne se fait. Beaucoup de responsables politiques n’ont plus de vision, parce qu’ils ne croient plus en leur capacité à changer l’avenir. Ils confondent la vision à la prophétie.
Que dites-vous à la population d’Amizour inquiète de ce qui se dit autour de votre projet ?ll Je voudrais lui dire que je ne suis pas porteur d’un projet de fabrication d’arme nucléaire ou de cocaïne. Je suis tout autant que tous soucieux de l’environnement et du respect des lois de la république. Je sollicite de cette population la sérénité, le calme, l’humilité et le sens élevé de responsabilité afin de ne pas céder aux provocations de ceux qui appellent au soulèvement et à la rebéllion. La population d’Amizour a besoin d’action, de stabilité, de paix, d’emploi et donc de dignité pour que chacun soit utile à la société. Enfin, je suis un fervent adepte de la culture du résultat. Je l’obtiendrai en ce qui concerne Alexo avec l’aide de Dieu.
Propos recueillis par Nadir Touati