Gaspillage

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Ramadhan rime souvent avec gaspillage : on n’a qu’à aller jeter un coup d’œil aux poubelles pour s’en rendre compte : morceaux de pain, chorba dégoulinante, fruits avariés… Comme les gens ont toujours les yeux plus gros le ventre, ils achètent en deça de leurs besoin. On nous a raconté l’histoire d’une famille qui, au ftour, s’est retrouvée avec une vingtaine de pains sur la table. Le père, en sortant du travail, a acheté les six pains habituels, puis s’étant dit que c’est le Ramadhan et qu’on a tendance à manger plus que d’habitude, il en a acheté quatre autres. Plutôt le surplus que le manque ! Mais voilà que le fils aîné, revenant du travail lui aussi, passe devant la boulangerie et voit les pains dorés à merveille : il n’hésite pas et en achète quatre. Puis c’est le deuxième fils, qui est alléché par des pains briochés : il en prend quatre, pour toute la famille. Et le tout dernier, qui jeûne pour la première fois, achète de son côté, deux autres pains ! et tout ce pain, on ne le mangera pas ! Et c’est ainsi dans toutes les familles : on ne veut manquer de rien, en cette période de jeûne, aussi achète-on toujours au-delà de ses besoins. Le plus dramatique, c’est que le gaspillage n’est pas le seul fait des gens nantis, même les plus modestes s’y adonnent : les poubelles des cités populaires, comme on peut le remarquer dans les grandes villes, sont aussi chargées que celles des résidences luxueuses. Le plus dramatique aussi, c’est que tout en se plaignant de la cherté de la vie, les gens se laissent aller aux dépenses inconsidérées !

S. Aït Larba

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