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Ramasser du bois pour affronter l’hiver

Perchée sur les hauteurs des montagnes des Babors, à plus de 70 kilomètres de Béjaïa, la commune de Tamridjet, relevant de la daïra de Souk El Tenine, demeure parmi les régions les plus damnées de la wilaya où vingt mille âmes y vivent dans des conditions lamentables. En effet, pour faire face au froid glacial qui arrive à grandes enjambées, les montagnards activent de toutes leurs forces pour ramasser le maximum possible de bois, sans pour autant que cette activité typiquement rurale se confonde avec le métier de bûcheron, c’est une activité d’appoint que les habitants des zones les plus déshéritées et les plus reculées, à l’instar de Laâlam, Zentout, Iamaren, Aï Djemaâ ainsi que Aït Bouchekout, pratiquent en période hivernale pour se procurer du bois de chauffage, combustible pouvant atténuer un tant soit peu les souffrances dues à la pénurie de gaz butane déjà vendu à des prix exorbitants. A quelques jours de l’hiver, les chefs de familles procèdent au repérage des endroits les plus fournis en bois mort, notamment pendant les campagnes de pacage des troupeaux, et commencent à ramasser des quantités importantes de bois en formant de grosses meules, en attendant leur acheminement vers les foyers. Le mouvement de ramassage est remarqué partout : les forêts, les lits d’oueds où les crues ont charrié des quantités importantes de troncs et de racines… Selon les informations que nous avons pu vérifier auprès des villageois, ce bois mort ramassé constitue l’unique combustible disponible aussi bien pour le chauffage que pour la cuisson. “Les buissons, le bois mort et autres branchages ramassés à partir des forêts, constituent non seulement un combustible pour les usages quotidiens de la vie domestique mais servent également à la confection des “gourbis” (écuries) où nous parquons nos animaux” nous a déclaré Da Mohand, un ancien moudjahid trop attaché à sa terre.Pour le transport des fagots de bois ramassés, l’âne est l’unique moyen, ou encore le mulet, qui demeure indispensable et très nécessaire à ce genre de travaux pénibles et dangereux. Pour d’autres gens ; “un feu de bois est un plaisir que nous n’échangerons à aucun prix contre le chauffage moderne”. “Vous voyez cette fumée qui monte au-dessus de nos maisons ? Elle demeure un symbole de notre hospitalité légendaire”, fait-on remarquer. Sur les traces de leurs ancêtres, les villageois de Tamridjet semblent déterminés à garder leurs coutumes et, de même, affronter les prémices de l’hiver. Bon courage !

Rabah Zerrouk

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