Ankara déterre le dossier de la colonisation de l’Algérie

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Le dossier de la guerre d’Algérie a été encore une fois remis sur le tapis, à l’occasion de la guerre que se livrent la France et la Turquie, autour de l’adhésion de cette dernière à l’Union européenne.

Ainsi, le gouvernement du Premier ministre turc Recep Tayyip Erdogan, menace Paris d’adopter une loi punissant la négation des crimes commis par la France lors de la guerre d’Algérie.

En effet, C’est ce qu’a affirmé, Koksal Toptan, le chef de la commission judiciaire du parlement turc, dans un entretien au journal “Sabah”, repris par “le nouvel observateur”. Le chef de la commission judiciaire du parlement turc affirme qu’il avait mis à l’ordre du jour du mercredi 4 octobre, des propositions de législation qualifiant de génocide des massacres commis en Algérie du temps de la colonisation française et prévoyant des peines de prison contre ceux qui nieraient de « tels massacres ».

La Turquie brandit ainsi l’épineux dossier de la colonisation de l’Algérie, pour faire pression sur Paris, qui tente d’introduire une proposition de loi à l’UE, pénalisant la négation du « génocide arménien », qui aurait été perpétré par les Turcs entre 1915 et 1917, c’est-à-dire vers la fin du règne des Ottomans.

Il est à noter par ailleurs, que cette polémique jusque-là latente, a ressurgit suite à la visite du Président français en Arménie, où il a estimé que les officiels turcs devaient reconnaître le génocide perpétré contre «1.5 million d’Arméniens». Chirac avait déclaré «honnêtement je le crois. Tout pays grandit en reconnaissant ses drames et ses erreurs».

La Turquie souhaite aussi, que soit retirée la proposition de loi qui rendrait illégale toute négation du génocide arménien. Le texte, proposé par le Parti socialiste français, sera débattue au Parlement le 12 octobre prochain.

Il est à noter en outre, que le Parti socialiste qui a été passif lors de l’adoption de la loi du 23 février, dont son article qui faisait l’éloge des aspects positifs de la colonisation, a été également derrière une proposition de loi pour son abrogation, où seul l’arbitrage du Président Chirac a permis de clore la polémique suscitée par cette loi, et qui a compromis le désir de ce dernier de conclure un traité d’amitié avec l’Algérie.

En recourant à cette menace, les autorités turcs invitent en réalité les responsables français à baisser de leur pression sur la Turquie, dont l’adhésion à l’UE butte sur les réserves de la France et l’Allemagne. Cette dernière, lors de la visite de la chancelière Merkel à Ankara, s’est alignée sur la position française. Mme Merkel avait déclaré, juste après son retour de Turquie «Les négociations d’adhésion avec la Turquie doivent être menées sans objectif préconçu”.

La Turquie a donc lancé une sévère mise en garde à la France vendredi 6 octobre, en estimant que les relations bilatérales des deux pays souffriraient du vote éventuel de la loi pénalisant la négation du génocide arménien et en menaçant de remettre sur le tapis, les cruautés de l’époque coloniale, que la France continue à nier.

Sur ce sujet, l’ambitieux ministre de l’Intérieur du gouvernement de Villepin ne s’en lasse pas de tenter de justifier la loi du 23 février qu’il a d’ailleurs soutenu. En effet, Sarkozy s’est encore distingué à l’occasion de la publication par le Figaro Magazine, d’une étude sur la nombre de morts pendant la guerre d’Algérie. Cette étude effectuée par un ancien des services spéciaux et un colon tend à remettre en cause le bilan de 1.5 million de morts avancé par les Algériens, en estimant les morts au nombre de 150 000.

Hadj Bouziane

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