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La Kabylie saura-t-elle regarder l’avenir ?

Aujourd’hui, les Kabyles de la Kabylie et des autres contrées se rappelleront des deux dates symbolisant la mobilisation et le soulèvement contre le déni identitaire et pour des aspirations libres et démocratiques. Deux dates ayant marqué la mémoire collective de tous les Algériens par ce qu’elles ont réussi à faire changer le destin qui leur a été dicté. Un destin imposé, renvoyant la population kabyle vers le recouvrement de son droit naturel, de son identité et de leur tempérament d’hommes libres. Si le Printemps berbère de 1980 né des suites de l’empêchement d’une conférence de feu Mouloud Mammeri à l’Université de Oued Aïssi aura permit de galvaniser les masses et de souder les rangs, le Printemps noir de 2001 a été un événement porté sorti directement de la lassitude de la nouvelle génération. Une génération appelée communément “Génération de 80”. Certes, celle-ci n’avait rien à avoir avec le soulèvement d’avril 1980, mais elle a le mérite de le rééditer et d’envoyer par la même occasion les “politicards” à s’exécuter en hara-kiri. 26 jeunes y laissèrent leur vie sous les balles réelles des gendarmes et sous le regard de ceux qui étaient aux commandes de l’Algérie à cette époque, dont certains d’entre eux continuent toujours de jouir de leur postes feutrés. Il y avait aussi ce sentiment d’abondan pour les fils de la région reconvertis en éléments formant la classe politique drapés par l’appellation moderne de “mouvance démocratique”. Vingt-cinq ans après Tafsut Imazighen et quatre ans après Tafsut Tabarkant, la tendance folklorique subsiste toujours pour se rappeler des détenus de 1980 et des morts de 2001. Aujourd’hui, cette tendance sera parfaitement illustrée dans les rues et les places publiques de la Kabylie où chaque entité gravitant autour de ces deux dates tenteront de faire valoir leur “attachement” aux sacrifices de ceux qui avaient fait l’événement. Plus que jamais désunis, les leaders des différents mouvements politiques, culturelles et citoyens vont faire de cette journée, mercredi 20 avril 2005, une journée à mesurer les forces et à prouver le génie de chacun d’entre eux dans l’enrôlement des foules. Aussi, les Kabyles auront à choisir entre marcher pour porter des slogans politiques et aller écouter le discours des délégués des archs. Ceux qui ne participeront pas ni avec celui-là ni avec celui-ci, s’en remettront à Dieu et prier pour l’entente des Kabyles et pour que la sagesse prime en cette valeureuse journée de commémoration. Qu’à cela ne tienne, Tizi Ouzou vibrera, comme à l’accoutumée au rythme de la mémoire collective et à rappeler encore une fois les raisons d’un sacrifice. Les détenus d’avril 1980 auront droit à des gestes et paroles de gratitude et les acteurs d’avril 2001 en feront aussi de cette journée la leur. Ils se reconnaîteront assurément derrière les activités concoctées par la CADC au stade Oukil-Ramdane dès midi. Une forte pléiade d’artistes et de chanteurs, parmi lesquels un groupe lybien venu spécialement de la Libye, entonnera des chants de liberté et d’espoir qui feront tourner les regards vers l’avenir.

M.A.T.

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