C’est un grand passionné du court métrage. Depuis des années, Ahmed Zir produit des images pleines d’émotion et de sens. C’est avec sa gentillesse légendaire qu’il nous parle de sa vision du cinéma.
La Dépêche de Kabylie : Comment es-tu venu au cinéma ?
Ahmed Zir : Je suis venu au monde du cinéma grâce au film de Cecil B. De Mille, « Samson et Dalila » avec Hedi Lamarr et Victor Mature. Fin des années 50, mon père l’avait vu plusieurs fois et chaque soir il me racontait par le détail l’histoire de ce héros biblique et ça stimulait énormément mon imagination fertile. Chaque semaine à l’école, à raison de 20F de l’époque, on avait droit à une série de courts-métrages de Charlot. J’ai acheté mon premier billet pour une place orchestre juste sous l’écran (j’ai vu » Samson et Dalila » en contre plongée, comme pour les autres films).Le temps passe. Des films merveilleux aussi. La cinémathèque organise un festival du film amateur. J’achète une caméra super 8 très simple et j’ai mes deux premiers courts-métrages S 8. Commence ma petite aventure pleine de rencontres et d’apprentissage.
Quelle est ton appréciation du cinéma ?
l Je crois que les années 70 ont été les années du plus beau cinéma. Des films riches en enseignements, des acteurs et des réalisateurs formidables, Je cite au passage : « l’Epouvantail » de Jerry schatzberg, » El-perdido » de Robert Aldrich, » Mort à Venise » de Luchino Visconti, » Max et les ferrailleurs de Claude Sautet, sans oublier les westerns spaghetti, les péplums pour le plaisir. Je cite encore : « El-chuncho » avec un acteur hors pair Gian Maria Volonte. Le cinéma italien m’avait donné une grande joie sans oublier les autres cinématographies : la poésie des films du hongrois Jancso, Robert Redford dans l’écologique « Jeremiah johnson » de Sydney pollack, l’excellent Richard Harris dans l’ethnologique » Un homme nommé cheval « . Ce n’était pas encore l’époque du tout virtuel et des effets spéciaux excessifs, tueurs d’émotion.
Comment vois-tu le court métrage ?
l J’ai vu des courts-métrages originaux en s8 comme « Les pas » et « La rouille » d’un cinéaste de Annaba, Amar Saifi et bien d’autres. Le cinéma algérien recèle beaucoup de courts métrages faits à l’époque où il y avait une politique de production. Il faut les revoir et les montrer aux jeunes générations, c’est notre patrimoine.Je me souviens des beaux courts métrages de Rabah Laradji « Massinissa » et » Nasr Eddine Dinet « , ceux inventifs de Brahim Tsaki.
Aujourd’hui plus qu’hier, il faut produire des « images made in Algéria » Pour s’imposer dans un monde où l’image prime. Le court métrage est plus que jamais le fondement d’un nouveau cinéma algérien.
Quel est l’avenir du cinéma algérien ?
l Le coup de grâce au cinéma Algérien a été orchestré, car détruire est un acte volontaire. Fermer des salles, dissoudre les organismes de cinéma, cesser de publier des revues de cinéma (Les deux écrans ) sont les étapes de la mort annoncée du cinéma algérien qui avait bien démarré avec des films de bonne facture. C’était l’époque héroïque avec des titres : « Le vent des Aurès », de M.L.Hamina, » les Hors-la-loi » de Tewfik Fares » Noua » de A.Tolbi…Sans oublier les coproductions : « l’Etranger » de Visconti. Pour le moment le film algérien est une rareté.
Quels sont tes projets artistiques ?
l Je continue à monter des films en super 8, en attendant un moyen-métrage avec JP Lieddo avec qui j’ai eu la chance de participer (ma mère aussi) à son dernier film » Ne restent dans l’oued que ses galets » comme personnage principal. Une expérience et la découverte d’un ami : JP Liedo.
Propos recueillis par Farid Ait Mansour