Sagacité populaire

Partager

On s’est étonné que la neige tombe au mois d’avril, on a crié à l’exception, quand des pluies diluviennes se sont abattues sur certaines régions du pays et que, un peu partout, l’hiver “s’est invité au printemps”. Dans les campagnes, on ne s’en étonne pas. Du moins, les vieilles personnes, au courant des rythmes saisonniers, ne s’étonnent pas de ces changements brusques. Le calendrier agricole, ce fameux calendrier berbère, remis à l’honneur ces dernières années, prévoit même cette période du retour de l’hiver. C’est ce que l’on appelle, en Kabylie, aheyyan, variantes hayyan, haggan ou aheggan…. Dans d’autres régions, notamment les régions arabophones,on l’appelle ennat’ah “celui qui donne des coups de cornes” à cause des vents qui se heurtent comme des béliers furieux. Partout, cette période marque un retour en force, le dernier, dit-on, de l’hiver. On recommande aussi de se protéger contre le vent et la pluie, de faire garde de ne pas prendre froid. C’est seulement, une fois aheyyan passé, que l’on peut considérer que la belle saison s’est installée pour de bon. Un dicton kabyle dit à propos de cette période : aêeyyan d gi yergagi yef. “Aheyyan (est) la période où même le sanglier s’est mis à trembler de froid”, et un autre proclame : “Yeffegh uhayyan, eddu “aryan” aheyyan est passé, tu peux aller nu ( c’est à dire enlever les vêtements chauds de l’hiver”. Cela on peut le constater aisément. Qui a dit que le calendrier traditionnel algérien est « étranger » ou qu’il ne prend pas ses racines dans le terroir ?

S. Aït Larba

Partager