Domino, jeux de cartes et loto

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Aït Saïd ou Mayache est le chef-lieu de la commune de Mizrana. Dans cette localité située à près de 7 km de la ville de Tigzirt, l’ambiance durant ce Ramadhan demeure morose. Les soirées de ce mois sacré sont les mêmes que celles vécues cette dernière décennie. Dès la rupture du jeûne l’on s’enpresse de sortir dehors pour digérer et prendre un café avec des amis. Aux environs de 23 heures, beaucoup de gens circulent encore tout le long de la rue principale de ce village de près de 4 000 habitants. La plupart d’entre eux se regroupent dans les quatre cafés maures que compte ledit village. L’on s’attable mais aussi l’on se regroupe autour d’interminables parties de jeux de dominos ou de cartes. C’est l’unique loisir pratiqué sans distinction d’âge. Plusieurs commerces s’ouvrent aussi après le f’tour. Ce sont particulièrement, les librairies et les kiosques multiservices. Les fidèles se rendent chaque jour à la mosquée pour la prière de la nuit et les “taraouihs”. D’autres, après un café dégusté et près d’une heure de digestion se rendent dans un lieu où se pratique les jeux du loto. Ce lieu, qui se situe dans la partie sud du village, est un local aménagé sommairement et spécialement en ce mois de Ramadhan pour la pratique de ce jeu. L’on retrouve le plus grand regroupement de personnes de ce village. L’on compte des jeunes et même des sexagénaires. Il est l’endroit aussi où l’on veille le plus, parfois, jusqu’à 3 heures du matin. Durant toute la nuit, l’on entend l’interminable annonce de chiffres gagnants qui tournent en boucle. La fin de chaque tirage est signifié par quelqu’un qui annonce soudainement dans un coin : “Ahvess t tchour !”, ce qui signifie qu’il a pu remplir les 15 numéros que porte le carton de loto qu’il détient. On remet vite la petite cagnotte à l’heureux gagnant et on redémarre avec une autre nouvelle partie de tirage, sur fond d’un silence religieux où il n’y a que l’annonce des chiffres tirés qui déchire l’atmosphère.

Tout le monde se sent prisonnier à l’intérieur de ce chef-lieu. D’habitude, l’on se rend chaque soir à Tigzirt pour des soirées. Ce n’est plus le cas pour le mois de cette année, suite à la détérioration du climat sécuritaire. En plus du terrorisme, l’on assiste ces derniers mois à l’apparition du banditisme avec des actes d’enlèvements et vols de voiture. Pour ne pas prendre de risque, les citoyens préfèrent rester dans leur village en attendant peut-être d’autres mois de Ramadhan plus sécurisés et plus animés.

Mourad Hammami

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