Négligence fatale

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(2e partie et fin)

– Tu vas enduire ta gorge de miel, tu te mettras à proximité d’une ruche d’abeilles. Tu t’allongeras, la gueule ouverte, les abeilles butineront le miel et arracheront la graisse qui se trouve dans ton gosier. Après deux séances ta voix deviendra aussi fluette que celle de la brebis, foi de settoute !Nanti d’une nouvelle voix, le chacal se rend à la grotte et attend que la brebis sorte pour tenter sa chance. Il prononce la formule convenue. Abusés les agneaux ouvrent la porte. Imprudence fatale ! Le chacal leur saute dessus, en un clin d’œil, il les dévorent. Rassasié, il se rend dans sa tanière pour bien digérer et piquer un somme bien mérité.En arrivant chez elle, le pis bien rempli et les cornes garnies d’herbe tendre à souhait. Elle trouve la porte de son gîte ouverte, et point de petits. Elle ne comprend que trop bien ce que cela veut dire, les restes de ses petits jonchent encore le sol.Elle se met à pleurer et maudit le chacal son ennemi. Son odeur caractéristique ne fait aucun doute.Elle demeure prostrée durant quelques heures et réfléchit au moyen de se venger du carnassier. D’instinct, elle sait que dès qu’il aura faim, il reviendra à la grotte pour la dévorer. Elle se prépare à riposter.Elle ramène des gerbes d’herbe qu’elle installe au-dessus de la grotte, et attend patiemment que le chacal se manifeste.Deux jours après, revoilà le chacal. Pensant trouver la brebis endormie dans la grotte, il rentre sans méfiance pour la surprendre en plein sommeil. Mal lui en prit. Dès qu’il s’engouffre, la brebis se précipite referme la porte sur lui et fait tomber les gerbes d’herbe entassées devant la devanture de la porte.Fait prisonnier, la brebis va voir un berger et lui dit qu’elle avait piégé le chacal, qui lui dévore ses moutons et qui lui a dévoré ses petits. Heureux à l’annonce de cette nouvelle, le berger armé d’une massue (adebouz) se rend à la grotte accompagné de la brebis. Il déblaye l’entrée. Dès que le chacal montre son museau, il lui assène un violent coup sur la tête, qui se fracasse en mille morceaux. Malgré son chagrin, la brebis est contente, elle a vengé la mort de ses agneaux. »Our kefount ethhoudjay inouOur kefoun irden tsemzine. As n-elaïd anetch aksoum tsh’emzine ama ng’a thiouanzizine. »(Mes contes ne se terminent comme ne se terminent le blé et l’orge. Le jour de l’aïd, nous mangerons de la viande et des pâtes, jusqu’à avoir des pommettes rouges et saillantes).

Benrejdal Lounes

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