La dernière grève qui a paralysé Béjaïa-ville, initiée par le bureau local de l’Union nationale des transporteurs (UNAT) a connu un épilogue pour le moins inattendu, mettant par ricochet à nu les contradictions qui minent la corporation : la dissolution prononcée par le bureau national de la section de Béjaïa. Par décision n°197/06/BEN, le bureau national de l’UNAT sur proposition de son bureau exécutif, arguant du fait que le délai imparti, trois mois, pour tenir une AG en vue de l’élection d’un nouveau bureau n’a pas été respecté par le bureau actuel. En conséquence, les fonctions des membres concernés sont annulées. Seul le président Abdelaziz Taksirt est maintenu pour s’occuper des affaires courantes et de l’épuration des comptes jusqu’à désignation d’un nouveau comité, par l’organisation d’une nouvelle AG.
Les membres concernés que nous avons reçus, ils étaient six, ont sans sourciller pointé un doigt accusateur sur le président “convaincus d’être de connivence avec le bureau national auquel il a transmis une déclaration qu’il a pourtant refusé d’entériner”. Déclaration où ils se sont livrés à une attaque en règle contre la direction des transports l’accusant de manque de transparence, allant jusqu’à parler de “gestion maffieuse”. A grands coups de contorsions sémantiques, ils fustigent pêle mêle magouille, favoritisme et réclament en conclusion une commission d’enquête. Toujours, selon eux, le retrait de confiance au président est consommé et l’heure est maintenant à la désignation d’un président provisoire. Enfin, ils le rendent “seul responsable de la situation actuelle en ayant bloqué délibérément la tenue de l’AG”.
C’est, comme attendu, une tout autre version que nous avons recueillie auprès de M. Taksrit, président du désormais ex-bureau UNAT de Béjaïa. De prime abord, il affirme que “le problème je ne l’ai point créé. Pendant trois mois, je n’ai cessé d’inviter mes collaborateurs à accomplir la mission pour laquelle ils ont été investis: préparer une AG élective”. Le problème il le situe, sans détours au niveau de l’indiscipline des membres du bureau qui refusent de se conformer aux directives du bureau national. Tout en assumant sa décision de ne pas signer la déclaration qu’il juge “incendiaire”, il avoue en avoir informé la hiérarchie. Quant à la décision de dissolution récemment prononcée, le 10 octobre exactement par la tutelle, il la juge “légale et réglementaire”, terminant par cet adage “qui sème le vent récolte la tempête !”.
Les nuages s’émoncellent sur le ciel des transports et les prochains jours n’augurent guère de lendemains qui chantent aussi bien pour la corporation que pour les usagers. Une grève urbaine et suburbaine semblent se profiler pour les jours à venir.
Mustapha R.
