En cette fin du mois de Ramadhan El Moubarak, la coutume ancestrale a été ressuscitée et la cour de la polyclinique de Djemaâ Saharidj puis celle de la clinique privée “les Amandiers” de Chaïb ont vécu une journée tout à fait différente des autres journées.
A l’entrée, une enseigne souhaite la bienvenue à tous les invités. Les “youyou” ont longuement et à plusieurs reprises retenti et égayé les environs. En effet, dans le cadre de l’aide aux nécessiteux, le Croissant-Rouge de Mekla, en collaboration étroite avec le secteur sanitaire, par le biais de la polyclinique de Mekla, ainsi que la clinique privée de Chaïb, de même qu’avec les autorités locales, dont les trois communes ont assuré le transport par bus, les enfants des nécessiteux de la daïra de Mekla ont bénéficié d’une soutien désintéressé de la composante du Croissant-Rouge, pour la circoncision de leurs enfants. Tout a été pris en charge, du transport à l’habillement approprié, de l’acte chirurgical au couffin accompagnateur, grâce à des quêtes et des dons d’âmes généreuses. C’est ainsi que la région a renoué avec l’ambiance d’antan, comme l’a si bien résumé Da Mohand Akli, participant actif de toutes les actions sociales de la région et enseignant retraité qui a fait le déplacement rien que pour le plaisir. “J’apprécie la résurgence des coutumes ancestrales et je salue le geste si louable de cette jeunesse qui renoue avec le passé”, dira-t-il. Le médecin-chef de la polyclinique, le Dr Kettane, a confirmé sa disposition – et celle de tout le personnel – à apporter sa contribution à ce genre d’initiative, n’omettant pas de rappeler que cela s’est déjà produit précédemment, en collaboration avec les comités de village et les autorités communales.
A la clinique des “Amandiers” dont le renom a largement franchi les limites territoriales, le docteur Melbouci a assuré lui-même la direction des opérations en compagnie de tout le personnel requis pour l’occasion. Il dispose d’un capital d’expérience dans le domaine puisque sa clinique a pris, auparavant, en charge, chaque année depuis l’ouverture de sa clinique, des opérations du genre destinées aux populations démunies. “Si le Croissant-Rouge n’avait pas eu cette initiative, nous aurions assuré ce service gratuitement en invitant directement les parents. C’est devenue une opération ponctuelle dans notre maison”. Du côté des familles, cela a été l’occasion de mettre les petits plats dans les grands, les domiciles renouant avec l’ambiance des festivités d’antan, sachant que deux troupes de “Iddebalen” ont été requises pour l’occasion.
Les familles se sont retrouvées indifféremment des villages, dans une mêlée toute franche de convivialité. Pratiquement tous les villages de la daïra se sont retrouvés sur les bancs de la salle d’attente. Les circoncis, étonnés de tout ce remue-ménage, n’ont cessé de s’amuser entre les jambes des adultes qu’une fois l’opération chirurgicale effectuée. Et c’est là que la grimace douloureuse a fait froncer les visages juvéniles. Un couffin tout prêt leur a été offert. A noter, quand même, que les adultes se sont contentés de saliver, le carême étant de rigueur.
Sofiane Mecherri
