La formation pour éviter la disparition des métiers

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La Dépêche de Kabylie : Voulez-vous, M. le directeur, nous faire une présentation du FNAC et de ses missions ?l Mézaoui : Le FNAC, opérationnel depuis juillet 2000, est créé pour répondre aux besoins de formation devenus incompressibles devant les exigences du marché de l’emploi et de l’utilisation des technologies selon les standards de performance et de rentabilisation du potentiel humain. Face à l’ouverture de notre pays au marché mondial et ce que cela entraînera comme mutations économiques, la Formation professionnelle continue (FPC) est le moyen adéquat qui permet aux salariés, quel que soient leur âge ou leur niveau de compétence professionnelle, d’améliorer ou d’accéder à de nouvelles connaissances par leur adaptation à l’évolution de la technologie. Certaines entreprises ont oublié ce que c’est la formation continue et l’ont bien compris à leurs dépens. Les changements radicaux subis notamment en matière de technologie, étaient une mauvaise expérience pour ces entreprises car elles ne s’étaient pas préparées. Les nouvelles PME qui ont été obligées de fermer, est un exemple édifiant. Concrètement, comment intervient le FNAC pour accompagner les entreprises dans leur mise à niveau ? l Le FNAC est un gestionnaire de la ressource financière destinée au développement de deux modes de formation que sont l’apprentissage et la formation continue. Cette ressource est constituée essentiellement des recettes réalisées par la collecte des deux taxes instituées par la loi de Finances 1998 (une taxe de 1% de la masse salariale globale, partagée équitablement entre l’apprentissage et la formation continue). Ainsi le FNAC accompagne les entreprises sur pas mal d’aspects, entre autres, les actions de visibilité pour identifier les besoins en formation, la formation des maîtres d’apprentissage et la validation des acquis professionnels. Nous soutenons également les présalaires des apprentis pour encourager les artisans et les professionnels à former des jeunes, notamment dans les métiers manuels, l’artisanat et le bâtiment qui ont tendance à disparaître. Le FNAC est accompagné dans le cadre du programme MEDA. Qu’est-ce- que cela peut apporter à votre dispositif ? l Effectivement, le FNAC fait l’objet d’un diagnostic dans le cadre du MEDA. Cela mettra à notre disposition beaucoup d’outils qui seront mis en place dans le cadre des actions de développement de la formation. Avec le ministère des Finances, nous allons procéder prochainement à plusieurs mesures. La formation professionnelle fera son apparition dans la déclaration fiscale dans le G50 et une fiche de renseignements mensuelle sera instaurée par la Commission spécialisée de wilaya (CSW) et la Direction de wilaya des impôts (DWI) pour avoir des informations statistiques sur les fichiers des entreprises au niveau local. A travers ces bulletins, nous constituerons un fichier fiable et entreprendrons des actions d’explication à l’adresse des entreprises avant de passer aux correspondances à titre de réception, exécutoires pour les impôts. La nouveauté également au FNAC, toujours dans le cadre du programme MEDA, est l’élaboration d’un manuel de procédures relatives aux actions de financement qui sera soumis à la prestation de l’ensemble des entreprises, partenaires et chargés des missions au niveau des CSW pour que la gestion des fonds soit rationnelle et basée sur des critères d’éligibilité uniformes dans les 48 wilaya. Parlez-nous, M. le directeur, du nouveau Programme collectif de formation continue (PCFC) lancé dernièrement à l’adresse des entreprisesl En effet, après le Plan collectif d’insertion professionnelle (PCIP) qui est un ensemble intégré d’actions, notamment de formation/ insertion en vue de favoriser l’insertion des jeunes par le biais de l’accompagnement et d’améliorer l’effot et l’efficience de la ressource humaine chargée de l’apprentissage, un nouveau programme (PCFC) s’adressant aux cadres dirigeants et autres personnels des entreprises à jour dans le paiement de la taxe de la formation professionnelle continue, a été lancé. Ce programme dont la durée des formations varie de 2 à 5 jours est inscrit au cœur des réalités et de l’actualité des entreprises et porte sur des thèmes qui répondent au mieux aux besoins exprimés par les entreprises des différents secteurs d’activité tels que le management, marketing et bureautique, maintenance et sécurité, gestion et comptabilité… Pour toucher un plus grand nombre de salariés, 23 thèmes de formation se déroulent à Annaba, Ouargla, Oran et Alger et concerne 2000 cadres. Comment évaluez-vous cette première action d’envergure et quel écho a-t-elle eu auprès des chefs d’entreprise ? l On a constaté un engouement assez important des entreprises et cela nous réjouit de les voir se pencher sur le volet de la formation. Même les entreprises qui n’ont pas payé leurs taxes depuis 1998, se sont présentées pour régulariser leur situation et intégrer leur personnel dans le cadre de ces formations. Par le biais de ce programme, nous souhaitons vulgariser davantage ce dispositif et expliquer aux cadres où va leur argent et comment se traduit le retournement financier. Notre souhait également est que les entreprises s’imprègnent davantage pour exprimer les besoins en matière de formation du personnel et que chaque Directeur des ressources humaines (DRH) s’inquiète sur le devenir de son entreprise, car la richesse réside dans la ressource humaine. Le FNAC était présent lors du dernier Salon de l’outillage industriel et du bricolage. Est-ce que cela rentre dans votre nouvelle stratégie de rapprochement des entreprises ? l Oui. Depuis mon installation on travaille d’arrache-pied pour être tout près de l’entreprise pour une compréhension plus large et plus significative de ce dispositif et de la portée des recouvrements. Nous allons prévoir des actions de vulgarisation à travers des spots publicitaires et la participation aux différentes activités organisées par la Safex. Le FNAC est en pleine progression actuellement et on aura prochainement des structures déconcentrées au niveau d’autres wilayas qui ont un tissu industriel important. Les résultats ne seront pas immédiats et il faut au moins une année ou deux pour que la situation se normalise. Toutefois, je demeure optimiste, les recouvrements sont croissants depuis 1998 et ils ont atteint actuellement 1,6 milliard de dinars et même s’il reste en deçà de nos attentes, on saura trouver les mesures idoines à son développement. Et dans le cadre du programme MEDA, une stratégie de financement et une formation des cadres du FNAC est prévue pour la prise en charge des aspects d’évaluation, d’identification et d’encadrement.

Propos accueillis par H. Hayet

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